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ConflitsKosovo

Il y a 25 ans, la fin de la guerre au Kosovo

Marco Wolter | Volker Wagener | Avec agences
11 juin 2024

La guerre au Kosovo a été marquée par la première intervention de l’Otan contre un Etat sans mandat des Nations unies.

Un homme rend hommage aux victimes de la guerre dans la localité de Meje
Un Albanais du Kosovo se souvient de ses proches assassinés pendant la guerre dans un cimetière de la localité de Meje, près de la ville de Gjakova, dans l'ouest du Kosovo.Image : Visar Kryeziu/AP Photo/picture alliance

78 jours, près de 2.300 bombardements aériens et des milliers de morts. L’intervention de l’Alliance atlantique visait à mettre fin à la répression de la Serbie de Slobodan Milosevic contre les séparatistes albanais au Kosovo, une province au sud de la Serbie et composée à 90 % d’Albanais. 

Une province que Belgrade et l’Eglise orthodoxe considèrent comme le berceau du peuple serbe. 

Une dizaine d’années plus tôt, alors que l’éclatement de la Yougoslavie se profile, le Kosovo perdait son statut de province autonome en 1989, accélérant encore davantage la campagne d’éviction des Albanais de l'administration et du secteur public comme la santé et l’éducation. 

Le Kosovo se trouve au sud de la Serbie et jouissait d'une autonomie avant 1989

Fin de l’autonomie du Kosovo et aspirations indépendantistes 

A partir du milieu des années 1990, les partisans d'une résistance violente contre la Serbie s'organisent au sein de l'Armée de libération du Kosovo (UCK).  

Des attentats terroristes contre des postes de police serbes vont suivre, auxquels Belgrade répond par la force. Le conflit débouche sur la guerre du Kosovo en 1998. 

Les tentatives de médiation internationale sont un échec. 

La découverte de 40 cadavres d'Albanais kosovars tués dans le village de Racak, en janvier 1999, est considérée comme l'élément déclencheur de l'intervention de l'Otan, lancée le soir du 24 mars 1999 contre les forces serbes.

La participation allemande au bombardement de la Serbie par l'Otan a suscité de critiques en AllemagneImage : picture-alliance/dpa

L'absence de mandat onusien 

Pour de nombreuses chancelleries occidentales, dont la Maison Blanche, la Serbie est accusée de planifier un génocide au Kosovo. 

L'Otan lance ses frappes sans mandat de l’Onu, impossible à obtenir à cause de l’obstruction de la Russie et de la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité. 

Pour le gouvernement allemand de l'époque, composé des socio-démocrates du SPD et des Verts, issus pour beaucoup de mouvements pacifistes, la participation à cette intervention avec plusieurs avions de combat est une décision délicate, marquant la première participation de l’armée allemande dans un conflit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

Pour la justifier et souligner l’urgence de l’intervention, Berlin présente un document qui prouverait un présumé plan de nettoyage ethnique pour chasser les Albanais kosovars vers l’Albanie par le sud du Kosovo. 

On ne sait pas si ce plan, appelé Fer-à-cheval, a réellement existé, mais dans les semaines qui vont suivre, plus de 800.000 personnes, soit la moitié de la population kosovare, seront déplacées. Belgrade affirme que celles-ci ont fui les bombardements de l’Otan.  

La Bundeswehr a participé à la guerre du Kosovo en 1999 avec 14 avions de combat Tornado.Image : U.S. Air Force/Newscom/picture alliance

Indépendance du Kosovo en 2008 

La plupart des experts s'accordent aujourd'hui à dire que la raison pour laquelle l’intervention de l’Alliance a duré plus de onze semaines est en grande partie liée à des erreurs de calcul de part et d'autre, chaque camp misant sur des négociations rapides. 

Finalement, c’est l’influence de Moscou à Belgrade qui aurait poussé Slobodan Milosevic à céder. Les troupes serbes se retirent du Kosovo, début juin 1999, donnant lieu à la résolution 1.244 au Conseil de sécurité, mettant formellement fin au conflit le 10 juin 1999.  

Neuf ans plus tard, début 2008, le Kosovo déclare son indépendance et est désormais reconnu par 115 des 192 pays membres de l'Onu, dont l'Allemagne. 

La Russie et la Chine, ainsi que cinq pays de l'Union européenne (Grèce, Roumanie, Espagne, Slovaquie et Chypre) n'en font pas partie. La Serbie rejette jusqu'à aujourd'hui l'indépendance du Kosovo.