Il y a 75 ans, l'enfer nucléaire à Hiroshima et Nagasaki
Charlotte Müller
6 août 2020
Le 6 août 1945, la première bombe nucléaire américaine détruit la ville japonaise d'Hiroshima. 100.000 personnes sont tuées. Trois jours plus tard, une seconde bombe est larguée au-dessus de la ville de Nagasaki.
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En 1945, l’Europe était en ruine. La Seconde Guerre mondiale était finie, l’Allemagne nazie capitulait en mai 1945. Soulagement en Europe. Mais dans d’autres régions du monde, le conflit se poursuivait.
Les Etats-Unis voulaient contraindre le Japon à la capitulation avec les armes nucléaires qu’ils venaient de produire : une bombe à l’uranium et une bombe au plutonium. Ils n'en avaient plus besoin pour vaincre l’Allemagne.
Les Etats-Unis choisissent alors la ville d’Hiroshima comme cible de leur bombe à l’uranium. Possédant un port militaire important, la ville avait été jusqu’ici épargnée par les attaques aériennes.
Le matin du 6 août 1945, à 8h15 heure locale, la bombe dénommée "Little Boy" explose à 500 mètres du sol.
"Little Boy", qui pesait près de 4,5 tonnes, a transformé la ville en brasier. En quelques secondes, l’explosion a anéanti toute vie dans un rayon de quelques kilomètres carrés. 100.000 personnes sont mortes dès les premières secondes, brûlées, laissant comme seules traces leurs ombres sur l’asphalte.
Les survivants de moins en moins nombreux
Tetsuko Shakuda avait 14 ans à l’époque. Elle se souvient de sa peur, de la faim. Pour elle, il faut transmettre ce souvenir aux générations à venir parce que "les gens qui savent ce qui s’est passé sont en train de s’éteindre" :"Nous ne serons plus longtemps de ce monde. Il faut écrire ces histoires, que les gens racontent ce qu’ils pensent, ce qu’ils ont ressenti étant enfant. Il faut enregistrer cela pour l’histoire."
Des centaines de milliers d’autres victimes sont mortes des conséquences des radiations nucléaires. Jusqu’en 1950, 200.000 personnes sont ainsi décédées des suites de l’explosion.
Les survivants n’oublieront jamais ce 6 août 1945. Ils ne pourront jamais chasser de leur mémoire les images des enfants qui volent dans l’air comme des bouts de papier, les personnes brûlées jusqu’aux os.
Autre survivant d’Hiroshima, Hamasumi Jiro, a suivi les cérémonies du souvenir et a prié, ce matin, à 8h15. Il a été exposé aux radiations alors qu’il était encore dans le ventre de sa mère. C'est pourquoi il n'abandonne pas sa lutte acharnée contre la bombe atomique: "Le coronavirus ne m’empêchera pas de continuer à me battre pour qu’on arrive enfin à un monde délivré des armes nucléaires."
Nagasaki aussi frappée
Trois jours après Hiroshima, malgré l‘énorme destruction causée par la première bombe atomique, les Etats-Unis utilisent cette fois leur bombe au plutonium. "Fat Man", c’est son nom, est lancée sur la ville de Nagasaki.
Terrible hasard : à l’origine c’est la ville de Kokura qui avait été choisie mais au dernier moment, en raison de la couverture de nuages qui couvrait la ville, la cible est remplacée par Nagasaki et l’avion qui transporte la bombe détourné.
La ville de Nagasaki est rasée au sol, 75.000 personnes meurent immédiatement. Le même nombre mourra dans les jours suivants.
Le 6 août 1945 a marqué le début de l’ère atomique, il a marqué le départ d’une course aux armements qui a duré des décennies et provoqué une période de fortes tensions géopolitiques entre les États-Unis et l’Union soviétique : la guerre froide.
Tout cela appartient désormais au passé. Pourtant, en dépit des traités de dénucléarisation conclus à la suite de la chute de l’Union soviétique, des milliers de têtes nucléaires sont encore disponibles. Toujours largement assez pour détruire la planète.
Consultez le portfolio que nous avions concocté pour le 70è anniversaire de la bombe d'Hiroshima:
Il y a 70 ans, la bombe nucléaire sur Hiroshima
Le 6 août 1945, un énorme champignon nucléaire s'élevait au-dessus d'Hiroshima, au sud du Japon. Les États-Unis venaient d'attaquer la ville, avant celle, de Nagasaki, mettant fin à la Seconde guerre mondiale.
Image : Courtesy of the National Archives/Newsmakers
La première attaque
Le 6 août 1945 au matin, 13 hommes sont à bord du bombardier américain B-29 baptisé Enola Gay. Ils larguent au-dessus d'Hiroshima, Little Boy ("petit garçon" en français), une bombe à uranium dotée d'une force destructrice équivalente à 16 kilotonnes de TNT. Elle explose en une boule de feu dégageant une température d'un million de degrés Celsius.
Image : Getty Images
Une température insoutenable
La température au sol a atteint 4.000 degrés, de quoi faire fondre de l'acier. Des souffles de 1,5 kilomètre par seconde arrachent tout, les blessures des habitants sont terribles. On estime à 140.000 le nombre de morts, au moment de l'impact puis après, sous l'effet de l'irradiation.
Image : Hulton Archive/Getty Images
Nagasaki, une deuxième cible
Le 9 août 1945, trois jours après Hiroshima, l'armée américaine a largué une bombe au plutonium sur la ville portuaire de Nagasaki, plus au sud. L'arme est nommée "Fat Man" et a une force explosive de 22.000 tonnes de TNT. L'attaque tue quelque 74.000 personnes.
Image : Hiromiti Matuda/Handout from Nagasaki Atomic Bomb Museum/Getty Images
Une cible symbolique et stratégique
La photo montre les restes de l'usine d'armement Mitsubishi et un bâtiment scolaire en béton armé, situé au pied des collines de Nagasaki. Le port compte de grands chantiers navals. C'est également là qu'ont été construites les torpilles utilisées par le Japon pour attaquer la flotte américaine à Pearl Harbor, en décembre 1941. C'est à cette date que les États-Unis sont entrés en guerre.
Image : picture-alliance/dpa
Des dizaines de milliers de victimes
Des mois après les attaques, des dizaines de milliers de personnes meurent des effets des explosions. Rien qu'à Hiroshima, à la fin de 1945, 60.000 personnes succombent à cause des effets des rayons, des brûlures et d'autres blessures graves. Le nombre de victimes des deux bombardements atomiques au Japon est estimé à 230 000.
Image : Keystone/Getty Images
Le 15 août 1945, le Japon capitule
Après Hiroshima et Nagasaki, de nombreux Japonais craignent une troisième attaque sur Tokyo, la capitale. Le 15 août 1945, le Japon annonce sa capitualtion, par la voix de l'empereur Hirohito. La Seconde guerre mondiale prend fin en Asie. Pour de nombreux historiens, ces attaques nucléaires américaines sont un crime de guerre.
Image : STF/AFP/Getty Images
Hiroshima, marquée à jamais
Sept décennies après la bombe, cette ville de 1,2 million d'habitants est à nouveau un centre de commerce prospère mais les cicatrices physiques et psychiques demeurent. À l'époque, les survivants ont été exclus, par peur de la contagion de leurs maladies. Beaucoup ont eu du mal à trouver un emploi ou à se marier. Certains "hibakusha" (victimes de la bombe nucléaire) évitent de parler de ce drame.
Image : Getty Images
Ne pas oublier
En mars 2011, un tsunami géant a dévasté la centrale de Fukushima, provoquant le plus grave accident nucléaire civil depuis Tchernobyl. Aujourd'hui, des survivants d'Hiroshima et de Nagasaki militent, comme d'autres Japonais, contre le redémarrage des réacteurs nucléaires du pays, voulu par le Premier ministre Shinzo Abe. Pour eux, l'énergie atomique ne peut pas être contrôlée à tout prix.