Pour la première fois dans l'histoire de la semaine de la haute couture, qui se déroule en ce mois de janvier dans la capitale française, un styliste subsaharien va présenter des vêtements. Cet homme s'appelle Imane Ayissi. Le Camerounais sera sur le devant de la scène ce jeudi 23 janvier, parmi ceux qu'on considère souvent comme les plus grand couturiers du monde.

Avant ce défilé, dans son atelier à Paris, l'homme de 58 ans confie ses émotions : "Je suis très ému, très content, très fier, très honoré. C'est la première fois que l'Afrique subsaharienne est présente. Il faut le célébrer ! Il était temps que ça arrive dans la grand-messe de la mode. C'est l'histoire qui s'écrit là, une nouvelle page avec les Africains." 

Une mère Miss Cameroun

L'histoire de cet artiste aux multiples talents a débuté au Cameroun, il y a bien longtemps, lorsqu'il confectionnait des robes pour sa mère élue Miss Cameroun dans les années 60. Il sera ensuite danseur pour le Ballet national du Cameroun et aux côtés du chanteur français Yannick Noah. 

Aujourd'hui, avec ses collections, il est un peu ambassadeur du continent. Imane Ayissi commente des croquis de différents vêtements d'une collection pour le cinquantième anniversaire des indépendances qui se trouvent sur la table : "Les robes trapèzes rappellent les années 60. Il y a des motifs, de l'argent, du pouvoir. Et là on a le masque, la culture ... Et là les plantes, les feuilles, c'est l'environnement."  

Et n'allez pas dire à Imane Ayissi que la mode africaine se résume à des grands motifs, des couleurs vives et au wax. "C'est une bêtise ! C'est comme si vous disiez que la mode française ou allemande, c'est le noir ! Je dis non ! Ce sont les colons qui l'ont apporté", explique-t-il. Il insiste pour montrer des vêtements variés, par les couleurs ou les matériaux. Des Tie and dye du Cameroun, des pagnes du Ghana ou de Côte d'Ivoire ou encore des vêtements en Obom, ce tissu à base de fibres d'écorces.

Pour ce jeudi, Imane Ayissi réserve des surprises.... "Je n'ai pas tout dévoilé encore ... Mais j'adore les choses un peu mystiques, un peu sorcières sur les bords. Et un peu de grigris ça ne fait pas mal !", plaisante-t-il. Sa collection est d'ailleurs baptisée "Akouma", "richesse". Comme celle qu'il devrait à coup sûr apporter sur les podiums de la mode.