Dodo et Ange n’en reviennent pas. Dans leur petite échoppe du marché de Beach, au bord du fleuve Congo, les deux commerçantes spécialisées dans la vente de pagnes ont épuisé tout le stock de celui à l’effigie du pape.  

"On a tellement vendu les habits du pape, c’était la première fois pour nous, et pour le moment il n’y a plus rien", soutient la jeune dame.

Alors qu’elle vend un pagne une dizaine de dollars en temps normal, les prix des tissus imprimés du visage de Jorge Mario Bergoglio ont explosé ces dernières semaines. "Le prix de base était de 25$ mais on est monté jusqu’à 40$", ajoute-t-elle.

Près du stade des Martyrs, où le pape prononcera un discours lors de sa visite à Kinshasa, des marchands en plein air proposent des pupitres d'églises dont les acquéreurs ne sont pas des catholiques mais des fidèles des multiples églises dites "de réveil" implantées dans la très croyante capitale congolaise.

Messe géante

Un profit qui leur permettra de se rendre à la messe donnée par le Saint Père mercredi (01.02.2023), où plus d’un million de personnes sont attendues.  

Pour cela, le gouvernement a engagé des grands travaux, comme l’installation d’une estrade de 1400 m2, ou encore la réfection de certaines routes que le pape François empruntera. Ce qu’a remarqué Ange, depuis son marché.  

"On est en train d’arranger, il y aura beaucoup de monde. On est en train d’arranger partout. On l’attend vraiment, impatiemment."

Forte influence

Avec une estimation de 45 millions de catholiques sur les 100 millions de congolais, l’Église catholique continue d’avoir une forte influence dans le pays et joue le rôle de régulateur social dans de nombreuses communautés.  

Et comme l’explique Trésor Kibangula, analyste au sein de l’institut de recherche indépendant Ebuteli, cette influence remonte au temps de Léopold II, roi de Belgique, alors "propriétaire" du Congo. 

Il explique que "les autorités de l’époque ont donné beaucoup de subventions à l’Église catholique, ce qui lui a permis d’asseoir son influence, notamment avec des écoles à travers le pays mais aussi des centres de santé car le système de santé, aujourd’hui au Congo, repose en majeure partie sur l’Église catholique. Donc c’est vraiment une pièce maîtresse du système congolais."

Pour formaliser ces initiatives, l’Eglise et l’Etat congolaisont signé en juillet dernier un accord-cadre, permettant à l’institution religieuse d’intervenir dans cinq secteurs, dont la santé et l’éducation.  

Le souverain pontife ne se rendra pas à Goma dans l’est, comme cela était prévu, en raison notamment de la guerre qui s’y déroule.

La matinée du mercredi 1er février sera chômée dans la ville de Kinshasa, afin de permettre aux fidèles d'aller assister à  la messe du pape prévue à l'aéroport de Ndolo. Le pape François est attendu ensuite au Soudan du Sud, à partir de vendredi (03.02.2023), pour une visite de deux jours.