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Les instruments de musique traditionnels au Burkina Faso

Charles Bako
21 juin 2023

Ces instruments, qui peuvent servir à diverses occasions, risquent de disparaître avec le temps. Même si certains perpétuent la tradition de la musique traditionnelle.

Joueurs de tambour
Joueurs de tambour accompagnant Mogho Naba Baongo, roi des MossiImage : Ahmed Ouoba/AFP/Getty Images

Dans la tradition musicale burkinabè, il existe plusieurs sortes d’instruments traditionnels : la guitare africaine ou le goni, le tambour, la calebasse, le balafon, les grelots, la flûte… 

Les groupes de musique traditionnelle les utilisent en diverses circonstances. Chaque instrument a un rôle bien précis. A l’exemple de la flute traditionnelle qui se joue différemment selon les événements; pour exprimer la réjouissance lors de retrouvailles, par exemple.

Une flûte porteuse de message

La flûte traditionnelle est un petit objet en bois et muni d’un ou plusieurs embouchoirs. Chez les Gourounsi, une population présente dans le centre ouest, le sud et le nord du Ghana, la flûte est de taille légère et mesure environ 20 centimètres.  

Mais sa mélodie donne l’impression d’un plus grand instrument. Elle sert parfois à avertir, à appeler un gibier pour les chasseurs traditionnels ou un esprit chez les féticheurs.  

Son apprentissage est plus approprié aux enfants mais les adultes peuvent aussi la pratiquer, à condition qu’ils aient du souffle.   

"La flûte peut servir à délivrer un message, une information. Cela peut être un décès, ou bien pour faire les éloges de quelqu’un. Ce sont les bergers qui apprenaient la flûte en étant avec les animaux. Ils utilisaient la flûte pour donner la position de tout un chacun", explique Robert Bagoro, promoteur culturel.

La pratique des instruments traditionnels

Ici, dans le village de Rouanghin, situé au nord de Ouagadougou, la troupe San Pa Wendé est composée de jeunes garçons et filles, dont l’âge varie entre dix et quinze ans et qui sont déjà tous des joueurs chevronnés.  

Ces jeunes savent déjà jouer du tambour, du tam-tam et de la calebasse.  

Cette troupe a été créée par madame Sanfo, née Bandé Bibata.  

Jacques Cédric Sawadogo, un apprenti de la troupe, est devenu un professionnel des instruments traditionnels. Il joue de presque tous ces instruments.  

"J’ai décidé de jouer des instruments traditionnels puisqu’on est en Afrique. Il y a une manière d’apprendre aux intéressés. Les débuts ce n’est pas facile. Il faut jouer le djembé et le bendré pour faire savoir qu’en Afrique, il y a des instruments qui peuvent produire des sons différents. Le djembé, il y a trois sons : il y a la tonique, le claqué et la basse", explique-t-il. 

Le djembé est l'un des instruments symboliques du Burkina FasoImage : Christian Goupi/IMAGO

Gloria Rebecca a 13 ans. Elle est passionnée par les instruments traditionnels mais ce qui l’intéresse aussi, c’est la danse. 

Elle a déjà fait ses preuves puisqu’elle fait partie des lauréats du prix de la Semaine nationale de la culture 2023, catégorie jeunes, dans la danse traditionnelle.  

"Moi j’aime la danse. La danse est ma source de réussite. Je veux être une très grande danseuse. Une star, c’est ce que je souhaite. Ce sont mes encadreurs, lui, maman… qui m’aident à faire ces pas. Ce n’est pas difficile, si tu te mets sérieusement au travail pour faire ces pas de danse, alors tu pourras y arriver", estime-t-elle.

Une femme réalise une danse de la fertilité dans son village LobiImage : Ian Griffiths/robertharding/picture alliance

Amener la jeunesse à s'y intéresser

La fabrication de ces instruments est faite par la caste des griots. Ils changent de fonction selon les ethnies au Burkina Faso.  

Par exemple, dans la société moaga, le tambour formé d’une grosse calebasse recouverte de peau d’animal et cerclé de lanières sert à faire les éloges du chef et à parler de sa généalogie.  

Il y a aussi le lilongo, en forme d’arc qui produit un son particulier. On le retrouve dans le patrimoine culturel musical de la culture san, dans la province des Balé.  

Malheureusement, cet instrument disparait peu à peu avec une jeunesse qui ne s’y intéresse plus beaucoup. C’est pourquoi l’artiste Tim Winsé appelle à les revaloriser 

"J’ai appris à en jouer quand j’étais plus jeune. C’est un instrument de loisir qu’on utilise pour les contes, les fables et en même temps pour encourager les travailleurs. De nos jours, ce sont des instruments qui ont tendance à disparaître", constate-il. "Quelques détenteurs comme nous essayent de les mélanger avec la musique moderne. Il faut amener la jeunesse à s’y intéresser."

Ces instruments sont des outils de communication traditionnelle. Ils permettent de s’informer, de communiquer de manière protocolaire et de régler des conflits entre deux personnes.  

Des valeurs culturelles qui devraient être préservées. 

Charles Bako Correspondant au Burkina Faso pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais