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ConflitsIsraël

Le quotidien d'un médecin dans un hôpital de Gaza

27 novembre 2023

Ahmed Abunada est un chirurgien allemand d'origine palestinienne. Jusqu'à peu, il travaillait à l'hôpital al-Chifa, dans la bande de Gaza.

Vue de l'intérieur de l'hôpital d'al-Chifa à Gaza: des patients sont assis ou allongés sur des brancards dans un couloir
Au premier jour des raids israéliens sur l'hôpital, 2.300 patients, blessés, soignants et déplacés se trouvaient à l'hôpital d'al-Chifa, selon l'ONU.Image : Khader Al Zanoun/AFP

Au Proche-Orient, la guerre entre Israël et le Hamas est entrée ce lundi dans son 52e jour. Avec la trêve négociée par le Qatar et entrée en vigueur vendredi, des centaines de camions chargés d'aide humanitaire ont pu entrer ces dernières heures dans la bande de Gaza. Mais la situation dans l'enclave palestinienne reste "dangereuse" et les besoins "sans précédents", estime l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). C'est particulièrement vrai pour les hôpitaux pris pour cible par l'armée israélienne qui accuse le Hamas de les utiliser à des fins militaires. 

Le patient et l'hôpital sont sacrés et tant qu'il pouvait soigner et sauver des vies, Ahmed Abunada est resté dans la bande de Gaza où il exerçait depuis trois ans à al-Chifa, le plus grand hôpital de l'enclave palestinienne.

Le triage à l'hôpital

Dans une interview accordée à nos collègues du Deutschlandfunk, il raconte les choix cornéliens auxquels il a dû faire face en tant que chef du service de chirurgie vasculaire : 

"Dès le début, nous avons été dépassés par le nombre important de patients de sorte que nous avons dû faire des choix : quel patient j'opère, quel patient je laisse mourir ? Est-ce que je tente une reconstruction qui prend du temps ou vaut-il mieux directement faire une amputation de la cuisse ou du bras ? Tout cela dans l'extrême urgence, sans que l'on puisse donner d'explications au patient."

Dans cet entretien, Ahmed Abunada décrit aussi les moments difficiles par lesquels il est passé sur le plan personnel. "Bien-sûr, je suis aussi un être humain et je pensais aussi constamment à ma propre famille. Que faire si le prochain patient est mon fils ou ma femme ? Ou que se passe-t-il si je dois soigner ma mère de 85 ans ? Car on a donné moins de chances aux personnes âgées, malheureusement, c'est la triste réalité. On a opéré en priorité les plus jeunes et les enfants."    

L'armée israélienne accuse le Hamas d'utiliser les hôpitaux de Gaza à des fins militaires ce que le mouvement islamiste palestinien dément. Image : Victor R. Caivano/AP/dpa/picture alliance

Centre de commandement du Hamas ? 

Jusqu'à récemment, l'hôpital al-Chifa a été présenté par Israël comme le principal centre de commandement des opérations du Hamas dans la bande de Gaza, ce que le mouvement islamiste palestinien dément.

Ahmed Abunada, lui, affirme ne pas avoir constaté la présence du Hamas dans le centre hospitalier. Et il espère que son directeur, arrêté pour être interrogé par les services de renseignements israéliens à ce sujet, sera bientôt libéré.

Ahmed Abunada (à gauche sur l'image) chez le président allemand Frank-Walter SteinmeierImage : Odd Andersen/AFP

Rencontre avec le président allemand 

Au 28e jour de la guerre, ne supportant plus de devoir laisser mourir les gens par manque de matériel, il décide de se réfugier en Allemagne. Vendredi dernier, il a été reçu à Berlin par le président Frank-Walter Steinmeier avec sept de ses compatriotes qui, comme lui, ont pu quitter la bande de Gaza. Il a notamment appelé le chef de l'Etat allemand à créer un pont médical aérien pour fournir du matériel et des médicaments à Gaza. 

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