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"La place de l'Allemagne est au côté d'Israël" (Olaf Scholz)

Sandrine Blanchard | Avec agences
17 octobre 2023

Le chancelier allemand est en visite en Israël. A Tel-Aviv, Olaf Scholz réaffirme son soutien à l'Etat hébreu mais plaide pour un accès humanitaire à la population de Gaza.

Olaf Scholz en Israël, lors de sa conférence de presse avec Benjamin Netanyahu
Olaf Scholz estime qu'il serait une "grave erreur" pour les acteurs extérieurs au conflit en cours d'intervenirImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Le chancelier allemand Olaf Scholz est en visite en Israël. "Ma visite est une visite chez des amis", a-t-il tweeté à son arrivée. Olaf Scholz veut d'abord y montrer sa "solidarité" avec l'Etat hébreu, après l'attaque lancée par le Hamas il y a dix jours [le 7 octobre]. Premier chef de gouvernement étranger à se rendre sur place depuis la reprise du conflit ouvert, Olaf Scholz a annoncé vouloir aussi plaider en faveur du rétablissement de l'aide humanitaire aux habitants de la bande de Gaza.

En quelques heures de visite à Tel-Aviv, Olaf Scholz s'est entretenu avec Benjamin Netanyahu,  le président Isaac Herzog, qui salue le soutien "incroyable" de l'Allemagne, Benny Gantz (l'opposant qui a rejoint le gouvernement la semaine dernière) et des proches des otages allemands détenus par le Hamas.

Ces derniers jours, Olaf Scholz s'est entretenu avec divers dirigeants – du Qatar, de l'Egypte, de la Turquie. Le chancelier espère qu'ils peuvent avoir une influence sur le Hamas et faire pencher la balance en faveur d'une libération rapide des 200 otages toujours retenus par le groupe terroriste palestinien.

Eviter l'"escalade" du conflit

L'objectif principal de cette visite du chancelier allemand est d'éviter un embrasement de la sous-région, comme il l'a indiqué avant son départ, depuis Berlin, après des entretiens avec le roi Abdallah II de Jordanie, ce matin.

"Je mets une nouvelle fois en garde le Hezbollah et l'Irancontre toute intervention dans ce conflit, a déclaré Olaf Scholz. Aux côtés de ses alliés, l'Allemagne s'engage de toutes ses forces pour que le conflit ne s'aggrave pas."

Les hôpitaux de Gaza débordés face à l’afflux de blessés

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La défense d'Israël comme raison d'Etat

Comme sa prédécesseuse, Angela Merkel, Olaf Scholz a fait de la sécurité de l'Etat d'Israël une "raison d'Etat". Le chancelier allemand entend, par son déplacement, afficher la volonté de l'Allemagne d'assumer sa responsabilité historique, après l'assassinat, par les nazis, de six millions de juifs pendant l'Holocauste.

D'où l'importance pour le chancelier allemand de se rendre parmi les premiers sur place - et afin d'éviter les reproches qui lui ont été faits à cause de son "hésitation" au déclenchement de la guerre en Ukraine.

Toutefois, tout en condamnant sans ambiguïté l'attaque "terroriste" du Hamas sur Israël, et en reconnaissant "le droit de l'Etat [hébreu] de se défendre", Olaf Scholz ne compte pas appuyer militairement Israël.

La Bundeswehr a certes rendu deux drones israéliens susceptibles d'être armés qu'elle avait « empruntés » en leasing à Israël, mais l'Etat hébreu a retiré la commande passée à l'Allemagne de munitions pour des navires de guerre.

Le ditinguo entre Hamas et peuple palestinien

Olaf Scholz estime par ailleurs qu'il est urgent d'apporter de l'aide aux civils palestiniens. "Dans l'horreur que nous inspire la violence inhumaine des auteurs du Hamas", le chancelier allemand rappelle qu'"il est important de différencier : les Palestiniens ne sont pas le Hamas et le Hamas n'a pas le droit de parler en leur nom. Le peuple palestinien de Gaza est également victime du Hamas".

A ses côtés à Berlin, ce matin, le roi de Jordanie avait aussi alerté sur l'urgence humanitaire : "Des milliers de civils innocents ont été tués, déplore Abdallah II : des vies palestiniennes, des vies israéliennes, des fils, des filles, des mères, des pères, des maris et des femmes. Des centaines de milliers de personnes n'ont pas accès à la nourriture, à l'eau, à l'électricité et à d'autres services de base. C'est inacceptable à tous les niveaux : juridique et humain".

La Jordanie déclare que, comme l'Egypte, elle ne veut plus endosser la responsabilité du sort des Palestiniens et réclame un règlement du conflit en interneImage : Markus Schreiber/AP Photo/picture alliance

La Jordanie ne veut plus de réfugiés palestiniens

La Jordanie est non seulement voisine d'Israël mais elle a aussi accueilli, au lendemain de la création de l'Etat hébreu, des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens. (Début 1949, ils étaient environ 20.000 à Amman, la capitale, et ses environs, et environ 40.000 dans les autres agglomérations.) Auxquels se sont ajoutés depuis des Syriens et des Irakiens, notamment, fuyant la guerre dans leur pays.

D'où cette déclaration sans ambages du souverain de Jordanie, toujours à Berlin : "Pas de réfugiés en Jordanie, pas de réfugiés en Egypte ! Cette situation a une dimension humanitaire qui doit être réglée à l'intérieur de Gaza et de la Cisjordanie, pas en essayant de mettre le défi palestinien et l'avenir de ces personnes sur le dos d'autres [Etats]."

Ce soir, Olaf Scholz reprenait l'avion pour l'Egypte, pays attenant à la bande de Gaza. Et demain, c'est Joe Biden, le président américain, qui est attendu en Israël.

La Foire du Livre de Francfort entachée par la guerre

Le conflit en Israël a aussi des répercussions inattendues... sur la Foire du livre de Francfort. Ce grand rendez-vous littéraire – le plus grand du monde ! – ouvre ses portes demain, mais l'organisateur du salon a fait part dès aujourd'hui de sa déception : Jürgen Boos, le directeur de la Foire du livre a qualifié de "désastre" les défections de plusieurs éditeurs de pays musulmans.

Ces derniers l'accusent d'être trop partisan et de ne soutenir qu'Israël. Parmi les éditeurs qui vont boycotter la Foire de Francfort, citons l'Autorité du livre de Charjah, aux Emirats arabes unis, et l'association des éditeurs émiratis. L'association des éditeurs indonésiens renonce aussi à se rendre à Francfort ainsi que l'association des éditeurs arabes d'Egypte, selon certains médias.