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Menace de crise humanitaire en Ituri

Paul Lorgerie
9 mars 2023

La province de l’Ituri est touchée par des conflits communautaires depuis deux décennies et elle pourrait s’enfoncer dans une crise humanitaire bien plus importante que celle que connaît le Nord-Kivu.

DR Kongo | Unruhen in Nord-Kivu
Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Il y a cinq ans, Marie Dzedza n'a eu d'autre choix que de fuir. Dans l'attaque de son village, des miliciens affiliés à la Codéco lui ont pris ses bras.

"Ce sont les Lendus qui m'ont fait ça. Dans mon village, ils sont venus nous couper, nous les Hemas, avec leurs machettes, ils sont venus nous tuer à coups de fusil. C'est pourquoi nous sommes arrivés sur ce site, il y a cinq ans."

Dans sa petite école de fortune, l'instituteur volontaire, Aimé Néma, essaie tant bien que mal de donner un cours d'éducation sur la santé à une trentaine d'enfants. Lui est arrivé en 2018.

"Arrivé à Bunia, on manquait de tout. Donc nous nous sommes rendus à l'hôpital général. Là-bas, il y avait un pasteur qui nous donnait à manger."

Des centaines de civils tués par les milices en Ituri

"Ils sont venus nous couper avec leurs machettes"

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Un conflit latent anime l'Ituri depuis décembre 2017. Et alors qu'une grande partie des effectifs militaires ont été affectés dans le conflit contre le M23 plus au sud, une note des Nations unies atteste qu'entre le 1er décembre 2022 et le 15 février 2023, 419 civils ont été tués dans la province, dont 49 enfants.

Si différentes milices armées sont présentes dans la région, Bintou Keïta, cheffe de la Monusco, donne plus de précisions :

"Ce que nous constatons, c'est une recrudescence de la violence. Avec des attaques et des représailles entre la Codéco et les milices Zaïre."

Selon Johnny Luboya N'Kashama, gouverneur-militaire de l'Ituri, une province en état de siège depuis mai 2021, une double approche a été mise en place pour régler cette crise, qui a fait jusqu'à 1,5 million de déplacés, selon les Nations unies.

"Nous avons l'approche militaire. Nous avons mené des opérations vers Drodro, où il y avait eu des problèmes, vers Bulé, vers Dialassiga… Et nous le faisons avec l'appui de la Monusco. Quant à l'approche non-militaire, nous parlons avec ces groupes armés. Vous savez, ils ont signé des actes d'engagement."

Une approche politique, impulsée en 2020 par le président congolais, Félix Tshisekedi, semblait pourtant porter ses fruit, les chefs de la Codeco ayant donné des engagements de paix à plusieurs reprises. Mais ceux-ci n'ont, visiblement, jamais été respectés.