La jeunesse africaine au cœur des protestations
1 août 2024La jeunesse africaine souffre et le fait savoir.
Au Nigeria notamment, où des milliers de personnes sont descendues dans les rues ce jeudi pour faire entendre leur mécontentement.
Alors que plusieurs manifestations et grèves générales ont eu lieu ces derniers mois dans le pays, où les problèmes économiques sont légion (notamment une inflation de 40%), les jeunes sont au centre de cette colère.
Sur les réseaux sociaux et dans la rue, ils appellent notamment à la révolution et à la fin de la mauvaise gestion de l'économie du pays par le gouvernement du président Bola Tinubu.
Des gouvernements qui deçoivent les jeunes partout en Afrique
Une colère justifiée, selon le Dr. Ibrahim Baba Shatambaya, professeur à l'université Usman Danfordiyo dans l'Etat du Sokoto, qui estime que les gouvernements successifs se sont trop longtemps joués des citoyens.
"S'il y a un pays dans le monde où les gens sont considérés comme des pions, c'est bien le Nigeria. Cela n'est pas sans rapport avec le fait que les élites politiques ont en fait exacerbé certaines divisions sociales, ethniques et religieuses dans le but de garder la population sous contrôle."
Le Nigeria est loin d'être le seul pays du continent où la jeunesse se fait entendre.
Au Kenya,les manifestations qui ont débuté en juin dernieront été d'une telle envergure que le président William Ruto a dû renvoyer son cabinet et enterrer sa réforme fiscale qui visait à augmenter les impôts.
Pour l'analyste politique Daniel Silke, la jeunesse africaine n'a tout simplement plus confiance en ses dirigeants.
"Les sentiments positifs à l'égard de nombreux dirigeants africains n'existent plus, ce qui ne peut qu'exacerber ces tensions, à moins qu'une formule de coopération ne soit enfin élaborée."
Des manifestations sévèrement réprimées
Une coopération qui est loin d'être à l'ordre du jour.
Les manifestations qui secouent le continent ont souvent été réprimées de manière violente.
Par exemple, au Kenya : selon la commission nationale des droits de l'homme, 50 personnes en lien avec les protestations ont trouvé la mort tandis que 700 autres ont été arrêtées de manière arbitraire.