Jimmy Carter est mort à l'âge de 100 ans
30 décembre 2024
"Jimmy Carter, 39e président des Etats-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix en 2002, est décédé paisiblement dimanche 29 décembre à son domicile de Plains, en Géorgie, entouré de sa famille", a annoncé sa fondation Carter Center dans un communiqué.
"Mon père était un héros, pas uniquement pour moi, mais pour tous ceux qui croient en la paix, aux droits de l'Homme et à l'amour désintéressé", a déclaré Chip Carter, le fils de l'ancien dirigeant démocrate cité par la fondation.
Pluie d'hommages
Tous les présidents américains encore en vie et qui lui ont succédé se sont empressés de s'incliner devant la longue existence hors du commun de celui que rien ne destinait à être président et qui était l'ancien locataire de la Maison Blanche le plus âgé.
Le démocrate et 46e président sortant Joe Biden, 82 ans, a demandé lors d'une adresse à la Nation que la vie de son lointain prédécesseur soit "évaluée à l'aune de ce qu'il a fait, pas de ce qu'il a dit".
Il a annoncé la tenue de funérailles nationales dans la capitale fédérale Washington, sans en préciser la date, pour l'architecte des accords de Camp David qui ont abouti au premier traité de paix entre Israël et un pays arabe, l'Egypte, mais à l'héritage terni par la crise des otages en Iran.
Le milliardaire républicain Donald Trump, qui fera son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, a fait part de son "plus grand respect" pour Jimmy Carter qui "a travaillé dur pour que l'Amérique soit meilleure".
Il fut "un homme remarquable", selon le démocrate Barack Obama, et "a oeuvré sans relâche pour un monde meilleur et plus juste" a renchéri le démocrate Bill Clinton. Ce qu'il a accompli "inspirera des générations d'Américains", a salué le républicain George W. Bush.
Jimmy Carter avait annoncé en 2015 qu'il souffrait d'un cancer du cerveau et bénéficiait de soins à domicile depuis près deux ans.
Après une série d'hospitalisations, il avait en février 2023 "choisi de passer le temps qu'il lui restait" chez lui, entouré de ses proches. Il y recevait des soins palliatifs.
Un seul mandat
Jimmy Carter avait été élu à la Maison Blanche en 1976, dans une Amérique encore marquée par le scandale du Watergate qui avait poussé le président Richard Nixon à la démission. Il ne fut le président que d'un seul mandat.
Artisan des accords de Camp David qui ont abouti, en mars 1979, à la signature du traité de paix israélo-égyptien, le 39e président des Etats-Unis avait été vivement critiqué dans son pays lors de la prise d'otage d'Américains en Iran.
L'annonce, le 24 avril 1980, de l'échec de la mission militaire pour assurer leur libération avait anéanti ses espoirs de réélection.
Une fondation au service de l'humanité
En 1982, Jimmy Carter fonde le Centre Carter après avoir quitté la Maison Blanche.
En créant cette fondation, Jimmy Carter lui avait d’emblée fixé des objectifs clairs : Travailler à la paix, combattre les maladies, construire l’espoir.
Travailler à la paix, cela signifiait intervenir personnellement dans de nombreuses médiations et conférences pour prévenir ou résoudre des conflits notamment en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine.
L'organisation a également envoyé des observateurs pour superviser des élections dans des pays comme la République démocratique du Congo, la Tunisie ou le Mozambique, et mobilisé des experts pour accompagner la rédaction de constitutions respectueuses des principes démocratiques.
Philip Kurland est le propriétaire d'un magasin consacré aux souvenirs politiques dans l'Etat de Georgie où est né Jimmy Carter.
"Êtes-vous au courant de tout ce qu'il a fait pour le continent africain en ce qui concerne l'éradication de la maladie du ver de Guinée, la surveillance des élections, les actions humanitaires, l'habitat pour l'humanité. Il a aidé les gens partout où ils avaient besoin d'aide."
Lisa Fox, travaille dans le secteur funéraire et vient d'Indianapolis. Jimmy carter était pour elle, un homme de grande envergure.
"Je l'aime beaucoup. Il a été un homme d'État exceptionnel, non seulement pour notre pays mais aussi dans le monde entier, et je pense qu'il a été sous-estimé. Cependant, je pense que les choses qu'il a accomplies après son mandat doivent vraiment être honorées."
Farouche opposant à l’apartheid
Les relations de Jimmy Carter avec l’Afrique ont également été marquées par son opposition farouche à l’apartheid en Afrique du Sud.
Dès le début de son mandat à la Maison blanche, il a pris position contre le régime de ségrégation raciale et lui a imposé des sanctions économiques et diplomatiques, tout en soutenant les mouvements anti-apartheid. Lors de l'une de ses interventions devant l'Assemblée générale de l'Onu, il déclarait ceci :
"La Déclaration d'indépendance américaine évoque l'idée que, je cite, « tous les hommes sont créés égaux, dotés par leur créateur de certains droits inaliénables, la vie, la liberté et la recherche du bonheur ». La Charte des Nations unies exprime, je cite, « la foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites ». Bien que séparées par un siècle et demi de temps, ces visions sont identiques dans l'esprit."
Le Nobel de la paix
En 2002, Jimmy Carter est récompensé du prix Nobel de la paix, pour "ses décennies d'efforts infatigables afin de trouver des solutions pacifiques à des conflits internationaux".
De M. Carter, le monde se souviendra de "sa solidarité avec les plus vulnérables, sa grâce constante et sa foi inébranlable dans le bien commun et notre humanité commune", a déclaré le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres après l’annonce de la mort de l’ancien président américain.