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JNIM : son but, sa stratégie et ses sources de financement

4 juillet 2025

Ce qu'il faut savoir au sujet du JNIM, le groupe djihadiste qui a revendiqué les attaques dans l'ouest du Mali.

Tschad - Migranten
Image : Désirée von Trotha/picture alliance

La situation est revenue au calme dans les villes de l'ouest du Mali où des positions de l'armée ont été la cible d'attaques jihadistes. Des attaques revendiquées par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans GSIM (ou JNIM, en arabe) via son canal habituel. Une revendication qui reste toutefois difficile à confirmer de source indépendante.

Jamaat Nusrat al-Islam wal-Muslimin, le groupe de soutien à l'Islam et aux Musulmans plus connu sous son acronyme de JNIM, est l'un des groupes djihadistes qui impose sa loi au Sahel depuis quelques années.

Objectif : imposer sa vision

Formé au Mali en 2017, le JNIM est une coalition de différents groupes djihadistes. Il s'agit d'Ansar Dine, de la Katibat Macina, d'al-Mourabitoun et de la branche saharienne d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Chacun de ces groupes a ses propres motivations et ses stratégies, ce qui n'empêche pas le JNIM d'avoir un chef, le touareg Iyad Ag Ghali. Ce Malien est un ancien diplomate. Son adjoint, Amadou Koufa,  appartient lui à la communauté peule.

Les hommes qui combattent au nom du JNIM seraient des milliers.Image : Souleymane Ag Anara/AFP

Selon les experts, les hommes qui combattent au nom du JNIM seraient plusieurs milliers. Difficile de savoir combien exactement.

Le sociologue malien Mohamed Amara rappelle que le JNIM est un groupe salafiste (un mouvement sunnite de l'islam qui prône un retour à la pratique religieuse des premiers musulmans et leurs successeurs immédiats, et une lecture littérale du Coran, ndlr) qui cherche à imposer sa vision de la société.

"Sa vision de la société, c'est la façon de faire de ce courant qui est très proche des sunnites" explique l'expert.

Il précise par ailleurs que "Iyad Ag Ghali a des alliés, principalement Amadou Koufa, mais il y a d'autres alliances aussi. Iyad, c'est un Ifoghas de la région de Kidal. C'est un Malien qui a des liens avec le FLA, le Front de libération de l'Azawad (ex CMA, Coordination des mouvements de l'Azawad)".

Il y a donc des liens, qui sont parfois "des liens contre nature" mais l'objectif est "de prendre le dessus sur l'armée malienne et leurs partenaires russes".

"L'objectif du JNIM s'est de s'enraciner..."

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Le JNIM a débuté ses activités au Mali mais a étendu désormais son influence au Burkina Faso, au Niger et dans une certaine mesure également au Togo, au Bénin et en Côte d'Ivoire.

Impliqué lui-même dans des violences et des activités criminelles, le JNIM est considéré toutefois comme plus proche des populations, contrairement à l'Etat Islamique au Sahara. Il tente de s'imposer comme un acteur de l'administration et de la résolution des conflits dans les zones sous son contrôle, l'objectif étant de rallier les populations à son combat.

Selon les experts, le groupe dispose désormais de moyens de renseignements et de nouveaux outils de combat, comme des drones.

Une stratégie pour recruter

Si le JNIM revendique des attaques, il condamne dans le même temps des exactions imputés à l'armée malienne et ses alliés du groupe paramilitaire russe Wagner, désormais Africa Corps. Une stratégie qui a un but précis, explique Dr Nina Wilén, directrice au Programme Afrique à l'institut d'Egmont des relations internationales à Bruxelles.

Les groupes djihadistes sont souvent accusés d'exactions tout comme l'armée malienne et ses alliés du groupe paramilitaire russe Wagner désormais Africa CorpsImage : Hans Lucas/IMAGO

"Le JNIM essaye vraiment de délégitimiser les autorités maliennes en mettant la lumière sur les atrocités que les forces armées étatiques ont commises contre la population civile avec leurs alliés russes", explique l'experte.

Selon Nina Wilén, "cela favorise le recrutement par le groupe djihadiste de gens qui se retournent contre l'autorité étatique."

L'experte rappelle par ailleurs que pour se financer, le JNIM impose le paiement d'impôts et taxes appelées zakat dans les zones qu'il contrôle, en procédant parallèlement à des actions sociales comme la distribution de vivres. L'enlèvement des otages et leur libération après versement de rançons serait aussi une source de financement, tout comme l'exploitation de nombreuses mines d'or.