Né il y a bientôt 26 ans à Yaoundé, Cyrille Tchatchet s'est découvert très tôt une passion pour l'haltérophilie. Enfant, il voit sur un mur une photo de son oncle en train de soulever une barre et des poids et décide d'emprunter le même chemin que lui.

La fuite, la rue et les vélléités de suicide

Très vite, Cyrille Tchatchet se montre doué dans la discipline, à tel point qu'il est sélectionné pour représenter le Cameroun aux Jeux du Commonwealth à Glasgow, en 2014. Mais, craignant pour sa sécurité et sa vie à son retour au pays pour des raisons jamais évoquées, Cyrille Tchatchet décide de rester en Grande-Bretagne.

Commence alors un parcours semé d'embûches pour le Camerounais, qui a longtemps vécu dans la rue. Dépressif, il a maintes fois pensé mettre fin à ses jours, notamment quand il a vu que sa demande d'asile n'arrivait pas. Fort heureusement, sa rencontre avec des personnes travaillant pour une association caritative lui a permis de reprendre l'haltérophilie :

"Attendre l'examen de sa demande d'asile est une expérience très stressante. Tu te demandes sans cesse : 'Mais que font-ils ? Vont-ils me déporter ?'. Au final, tu t'entraînes, cela t'occupe l'esprit, tu oublies un peu tes problèmes en pensant à autre chose, ce qui est bien pour ton bien-être. Cela a joué une part importante dans ma guérison", estime le natif de Yaoundé.

En première ligne durant la pandémie

Sa demande d'asile étant finalement approuvée en 2016, Cyrille Tchatchet se fait soigner sa dépression et commence des études en tant que soignant, aussi bien dans le domaine mental que physique. Durant la pandémie de coronavirus, il est en première ligne, à s'occuper des malades au cours de longues journées de travail, allant parfois jusqu'à 12 heures :

"Je pense qu'être un réfugié qui participe aux JO ou être un soignant, cela envoie un message fort aux gens qui pourraient penser que les réfugiés sont juste là pour voler le travail des autres, ou alors qui pensent que les réfugiés sont des criminels en fuite, ce qui n'est pas vrai", rappelle Cyrille Tchatchet. "Ce sera bien de montrer une belle image, de montrer à quel point les réfugiés sont importants dans les pays où ils vivent".

En parallèle de son travail, Cyrille Tchatchet s'entraîne durement. Ses efforts sont finalement récompensés, puisqu'il remporte cinq titres de champion de Grande-Bretagne en haltérophilie, dans les catégories des 94, 96 et 102 kg.

Porte-drapeau des réfugiés

Des titres qui lui ont permis d'être sélectionné en juin dernier dans l'équipe olympique des réfugiés, au cours d'une cérémonie à laquelle a participé Thomas Bach, le président du CIO. Honneur suprême : Cyrille Tchatchet a même été désigné porte-drapeau lors de la cérémonie d'ouverture :

"Je suis vraiment excité, je suis heureux de revenir sur la scène internationale, non pas que pour moi, mais aussi pour représenter environ 80 millions de déplacés à travers le monde. Représenter les réfugiés, représenter les gens qui ne sont pas privilégiés sera une grande responsabilité", affirme celui qui est d'origine camerounaise.

Cyrille Tchatchet entrera en lice le 31 juillet prochain, dans la catégorie des 96 kilos, la veille de son 26ème anniversaire.