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Jour de vote en RDC : trois candidats font figure de favoris

20 décembre 2023

Félix Tshisekedi, qui brigue un deuxième mandat, Moïse Katumbi et Martin Fayulu sont les trois principaux candidats à l'élection présidentielle de ce 20 décembre 2023.

Moise Katumbi, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi
Moise Katumbi (à gauche) et Martin Fayulu (au centre) font face à Félix Tshisekedi (à droite), le président sortant

En RDC, près de 44 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce mercredi 20 décembre 2023 dans le cadre des élections générales dont l'élection présidentielle.

S'ils étaient 26 candidats au départ, ils ne sont plus que 19. Parmi ceux qui restent en course, trois hommes se détachent et ont figure de prétendant au poste de président de la République.

Félix Tshisekedi

Président sortant, Félix Tshisekedi est né le 13 juin 1963 à Léopoldville (renommée Kinshasa en juin 1966).

Il est le fils de l'opposant historique Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le président fondateur de l'Union pour la démocratie et le progrès social, décédé en février 2017 à Bruxelles. 

Félix Tshisekedi brigue un second mandat de cinq ans afin, explique-t-il, de chercher à "assoir sa légitimité, son autorité et consolider les acquis". 

Agé de 60 ans, "Fatshi Béton", comme l'appellent ses partisans, a été désigné candidat par l'Union sacrée, la majorité qui le soutient depuis son divorce avec le Front commun pour le changement de l'ancien président Joseph Kabila (qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019).

Félix TshisekediImage : Pool Vlad Vanderkelen/Belga/picture alliance

Soutien de poids

Le président sortant compte sur le soutien de poids lourds de la vie politique congolaise tels que l'ancien président de l'Assemblée nationale, actuel vice-Premier ministre et ministre de l'Economie nationale, Vital Kamerhe.

L'ancien chef rebelle et ancien vice-président de la République, Jean-Pierre Bemba Gombo le soutient aussi. Le président du Mouvement de libération du Congo est, depuis mars 2023, vice-Premier ministre et ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Lukonde II.

En  décembre 2018, la victoire de Félix Tshisekedi a été marquée par de fortes contestations. Son challenger, Martin Fayulu (arrivé officiellement deuxième) avait revendiqué la victoire, accusant Félix Tshisekedi de "putsch électoral" en complicité avec l'ancien président Joseph Kabila.       

Au début de son mandat, un accord de coalition le liait d'ailleurs à son prédécesseur. Au bout de deux ans, il l'a fait voler en éclats et s'est affirmé comme le seul maître à bord en RDC.

Bilan mitigé

Après cinq ans, le pouvoir revendique des reformes sociales, comme la gratuité de l'enseignement primaire et met en avant de bons résultats macro-économiques.

Mais la vie est toujours aussi dure pour les Congolais, la corruption continue d'empoisonner les activités économiques et les violences ont redoublé dans l'Est, où est de nouveau active, depuis deux ans, la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda voisin, selon les Nations unies.

Son bilan démocratique est également mitigé, avec des arrestations d'opposants et de journalistes à l'approche des élections.

Félix Tshisekedi reconnaît qu'il reste à faire, mais considère qu'il lui faut plus de temps pour tenir ses promesses.

Moïse Katumbi

C'est la première fois que l'ancien gouverneur du Katanga et riche d'homme d'affaires se présente à une élection présidentielle.

En 2018, le patron du club de foot Tout Puissant Mazembe n'a pas pu rentrer à temps en République démocratique du Congo pour y déposer sa candidature.

Agé de 58 ans, Moïse Katumbi est considéré comme l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle du 20 décembre 2023 et donc le principal challenger du président sortant.

Deux ans plus tôt, sous la présidence de Joseph Kabila, il avait été mis en cause dans deux affaires : l'une de spoliation immobilière, l'autre de recrutement supposé de mercenaires.

La condamnation à trois ans de prison que lui avait valu la première a ensuite été annulée et la deuxième n'a pas eu de suites. Mais entre-temps, il était parti en Afrique du Sud, et n'est rentré de cet exil de fait qu'en 2019.

N'ayant pas pu déposer son dossier de candidature, Moïse Katumbi a apporté, en 2018, son soutien à Martin Fayulu, à qui la présidence a échappé au profit de Félix Tshisekedi.

Il a ensuite soutenu la coalition au pouvoir avant de s'en écarter fin 2022, en annonçant sa candidature à l'élection présidentielle de 2023.

Moise Katumbi Image : Nicolas Maeterlinck/picture alliance

Congolité

Un débat récurrent sur la "congolité" des candidats a par ailleurs été relancé avec une nouvelle proposition de loi visant à réserver aux Congolais, nés de père et de mère congolais, l'accès à certaines hautes fonctions. 

La « loi Tshiani » semblait destinée à barrer la route à Moïse Katumbi, dont le père est né sur l'île grecque de Rhodes.

Entre les deux guerres mondiales, celui-ci s'est installé à Kashobwe, dans le Haut-Katanga, dans le sud-est du pays, où il a lancé un commerce de poisson et où est né Moïse Katumbi, le 28 décembre 1964.

A la tête du parti "Ensemble pour la République", Moïse Katumbi est  soutenu par quatre autres candidats qui se sont désistés en sa faveur.

Il met en avant ses réalisations au Katanga, son fief, lorsqu'il en était le gouverneur, avec des constructions de routes, d'écoles et le développement de l'agriculture pour affirmer qu'il saura gérer le pays tout entier.

Martin Fayulu

Né le 21 novembre 1956 à Léopoldville, Martin Fayulu, marié et père de trois enfants, a fait des études d'économie en France et aux Etats-Unis. 

En 2018, Martin Fayulu, le leader du parti Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), membre de la coalition Lamuka, en était devenu un pivot, avec la signature, à Genève, d'un accord entre plusieurs opposants qui en faisaient leur candidat.

Ancien cadre dirigeant de la major pétrolière ExxonMobil, il apparaissait alors comme un outsider, un opposant parmi d'autres au chef de l'Etat d'alors, Joseph Kabila. 

Martin Fayulu Image : Nicolas Maeterlinck/picture alliance

Depuis cinq ans, ses partisans le désignent comme "le président élu", pour bien rappeler que, selon eux, c'est Martin Fayulu qui aurait remporté la présidentielle de décembre 2018, et non Félix Tshisekedi, officiellement déclaré vainqueur.

Affirmant sa conviction que les résultats de l'élection du 20 décembre seront de nouveau manipulés, il a un temps entretenu le suspense sur sa candidature, qu'il a finalement confirmée le 30 septembre, avant de se lancer en campagne.

"En l'absence d'un fichier électoral fiable et audité par un organisme indépendant, nous ne déposerons pas nos dossiers de candidature", affirmait-il pourtant en juillet, ce qui a conduit ses supporters et lieutenants à ne pas se présenter aux élections législatives, provinciales et locales concomitantes à la présidentielle.