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"Ce consumérisme ne fait que ronger la planète"

29 juillet 2021

Ce jeudi est le jour du dépassement, l'humanité a consommé toutes les ressources planétaires. Le sociologue Rodrigue Hilou souhaite une prise de conscience.

Des militants de Friday for future manifestent à Hamburg lors du jour du dépassement en 2020
Des militants de Friday for future manifestent à Hamburg lors du jour du dépassement en 2020Image : Ulrich Perrey/dpa/picture alliance

Ce jeudi (29.07) est le jour du dépassement. C’est la date à partir de laquelle, chaque année, nous avons consommé toutes les ressources que la Terre peut renouveler en un an.  Cette date symbolise la pression exercée par l’humanité sur la planète.

Depuis les années 1970 jusqu'à 2019, la date du jour du dépassement n'a cessé de s’avancer. En 1970, elle avait eu lieu le 30 décembre. En 1996, elle avait avancé de trois mois, soit le 30 septembre, et en 2020, en raison de la pandémie de la Covid-19, le jour du dépassement a eu lieu trois semaines plus tard que l’année précédente.

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"A plus de cinq mois de la fin de l'année, ce 29 juillet nous aurons épuisé le budget planétaire de ressources biologiques pour 2021. Si nous avions besoin d'un rappel de l'urgence climatique et écologique à laquelle nous sommes confrontés, le Jour du Dépassement de la Terre s'en charge", indique dans un communiqué publié mardi (27.07) Susan Aitken, responsable politique à Glasgow, ville qui accueillera la COP26 sur le climat en novembre prochain.

Ce 29 juillet appelle à une prise de conscience, estime le spécialiste des ressources naturelles et sociologue burkinabè, Rodrigue Hilou. 

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Ecoutez l’interview de Rodrigue Hilou

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Rodrigue Hilou : On est véritablement dans une société de consommation et ce consumérisme, justement, ne fait que ronger la planète. Et parce qu’on dépasse justement les capacités de cette planète-là à nous supporter.

 

DW : Et comment en est-on arrivé là ? Est-ce que vous pouvez l'expliquer ?

 

Rodrigue Hilou : Il y a deux explications. Il y a de cela quelques années, l'humanité n'était pas à sept milliards et donc déjà, l'augmentation de la population mondiale va forcément aller avec des besoins en consommation presque dans tous les secteurs, que ce soit alimentaire, énergétique, la consommation aussi augmente. Du coup, il y a ce volet qui est à prendre en compte, qui est un phénomène lié justement à la démographie qui est galopante un peu partout dans le monde. C'est vrai qu'on a quelques pays qui arrivent à avoir des leviers pour maîtriser cette tendance à la surpopulation parce que la population augmente plus vite que les capacités, justement, de beaucoup de pays à répondre aux besoins de ces populations. Donc, du coup, il y a ce facteur démographique qui explique la situation. Mais en fait, ce n'est que la partie visible de l'iceberg. L'autre aspect, justement, c'est un peu notre politique économique mondiale. L'économie mondiale qui nous gouverne actuellement, c'est une économie de consommation, des formes de surproduction. Il faut produire plus. Il y a à la fois une surproduction qui s'accompagne d'une forte consommation, mais en même temps avec un énorme taux de gaspillage.

 

DW : Est-ce qu'on peut dire qu'on sent déjà le phénomène dans certains pays africains ?

 

Rodrigue Hilou : Chez nous, en Afrique, il y a un certain nombre d'indicateurs qui peuvent effectivement nous montrer cela. C'est l'ouverture, par exemple, des stocks de sécurité alimentaire. Il y a des années de cela et je pense que ces stocks de sécurité alimentaire, on les ouvrait en pleine campagne agricole. Mais de plus en plus, c'est dès le début de l'hivernage et parfois même bien avant, ces stocks de sécurité alimentaire sont déjà ouverts et sont le marché.