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Pas facile d'être journaliste au Mali

Paul Lorgerie
10 mai 2021

L'enlèvement du journaliste Olivier Dubois en avril relance le débat sur les conditions de travail des journalistes locaux qui risquent également leur vie au quotidien pour informer. 

Image : Martin Vogl

 "J’ai été stoppé à coup de balles réelles sur ma voiture. Je me suis arrêté, tout de suite j’ai obtempéré…" Amadou (il s'agit d'un pseudonyme), journaliste ex-otage, raconte qu' il y a quelques années, de retour de chez sa famille, il se fait stopper par des hommes armés. 
"C’était des hommes armés enturbannés. Tout de suite, ils m'ont emmené dans la savane. Une fois arrivé au lieu de détention, menotté, les yeux bandés, la chaîne aux pieds, ils ont commencé à m’interroger sur mon identité et sur ce que j’étais venu faire ici. "

Il passera quelques mois entre les mains d’un groupe affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique. S’il s’en est sorti sain et sauf, certains de ses confrères demeurent emprisonnés par des groupes armés au Mali. Deux, pour être plus précis.

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Le journaliste français, Olivier Dubois, collaborateur de divers médias, a été enlevé début avril au Mali.Image : Social Media/AFP

Un travail dans des zones sensibles

Les journalistes maliens travaillent de chez eux, au sein de leur communauté, parfois dans des zones sensibles.

Bandiougou Danté, président de la Maison de la presse à Bamako explique que " le Mali est un pays de journalisme de proximité. Dans la mesure où l’information est essentiellement donnée par la radio, lesquelles radios sont implantées dans les communautés. "

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Un travail de terrain à réaliser avec précaution. Hors micro, un journaliste d’une ville du centre raconte ses multiples voyages hors de la ville avec des hommes enturbannés, lui demandant notamment d’arrêter de traiter certaines informations.

"Quand vous êtes un homme de média dans une localité et qu’on peut venir vous enlever, vous faire des remontrances et ensuite vous libérer, cela montre à quel point vous êtes exposé " précise Bandiougou Danté.

Cliquez pour écouter les explications de Paul Lorgerie

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L’autocensure

Dans certaines zones sensibles, les journalistes peuvent donc parfois se restreindre, museler leur parole, pour continuer à travailler. Ce que constate Abdoul Madjid Thiam, représentant de Reporter sans frontière à Bamako. 

"Je ne peux pas dire que c’est une volonté générale des journalistes de faire de l’autocensure. Mais je pense que les gens réfléchissent de plus en plus par deux fois avant de s’engager " précise t-il.

Selon l’ONG de défense des journalistes, le Mali se trouve à la 99e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse en 2021. Une position qui est bien plus dû à l’insécurité qu’à un pouvoir central, qui laisse les journalistes travailler comme ils l’entendent.