Julian Assange est derrière les barreaux
7 décembre 2010Julian Assange s'est livré ce matin à la police britannique qui l'a immédiatement arrêté, en vertu d'un mandat européen émis par la Suède. C'est en effet la Suède, où il a séjourné au mois d'août, qui souhaite entendre cet Australien de 39 ans dans une affaire de viol. Conduit dès cet après-midi devant la Cour de justice de Westminster, en plein coeur de Londres, Julian Assange sera maintenu en détention jusqu'au 14 décembre. Ainsi en a décidé le juge qui a estimé que les accusations d'agression sexuelle, portées par deux femmes, étaient "extrêmement graves".
A première vue son arrestation n'a donc rien à voir avec le site WikiLeaks, dont il est l'un des fondateurs. Mais en réalité, c'est évidemment plus compliqué. Il faut rappeler que cette arrestation intervient en plein "cablegate", du nom du scandale provoqué par la publication de milliers de télégrammes diplomatiques américains sur WikiLeaks depuis le 28 novembre. Le site a en outre fourni un accès à ces documents en avant-première à cinq grands journaux, dont l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Pour couronner le tout, WikiLeaks n'en est pas à son coup d'essai : rien que cette année, le site a également publié des rapports secrets sur les guerres en Afghanistan et en Irak. Pour Washington, le cablegate est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Eric Holder, le ministre américain de la justice :
"La sécurité nationale des Etats-Unis a été mise en danger. La vie des gens qui travaillent pour les Américains a été mise en danger. Les Américains eux-mêmes ont été mis en danger par ces publications qui sont, à mon avis arrogantes, malavisées et qui, au final, ne servent strictement à rien"
Un avis qui n'est pas partagé par tout le monde à commencer par Julien Assange lui-même. Dans une tribune publiée aujourd'hui par le journal The Australian, le co-fondateur de WikiLeaks déclare que son site publie des documents "sans peur des faits". Selon les avocats de Julian Assange, ce dernier s'est rendu ce matin "de son plein gré" afin de clamer son innocence. Pour eux comme pour leur client, la Suède aurait engagé la procédure à son encontre à la demande des Etats-Unis. Voilà une bataille judiciaire qui ne fait que commencer.
Auteur : Konstanze von Kotze
Edition : Anne Le Touzé