Kasserine à quelques jours des élections
21 octobre 2011Celui qui s'intéresse aux traces de la révolution à Kasserine peut se rendre devant les ruines carbonisées de la station de police. Les insurgés avaient brûlé en janvier ce poste de police qu'ils assimilaient à un symbole de la dictature Ben Ali. Du toit du bâtiment, des tireurs d'élite fidèles à Ben Ali avaient abattu des manifestants. Aujourd'hui, à côté du poste, est érigé un petit monument, avec des couronnes funéraires, des plaques commémoratives et le drapeau rouge foncé de la Tunisie, à la mémoire de plus de 40 martyrs.
Pour plus de dignité et de justice, Mohamed Nasri fait partie de ceux qui ont risqué leur vie à l´époque. Aujourd'hui, ce jeune homme de 30 ans répare des ordinateurs pour subvenir aux besoins de sa famille. Il est dépité : "au début de la révolution, on avait le moral haut. Mais aujourd´hui, on n'a pas le moral du tout. On n´a rien. Les partis poliques nous promettent de résoudre le problème du chômage. Mais jusque là, rien n'est fait".
Chômage et désespoir
Juste avant les premières élections libres dans l'histoire de la Tunisie, le moral est au plus bas à Kasserine. La ville compte plus de 50% de chômeurs.
Mourad Derbeli., 29 ans, explique que la situation des jeunes est alarmante. Avec d'autres compagnons d´infortune, ce diplômé en physique loge depuis 6 mois dans un lieu de réunion d'un syndicat. Il vient d'interrompre une grève de la faim, qui ne lui a rien rapporté. Il se plaint de n'avoir ni boulot, ni chance, ni investisseurs. "Nous n' avons rien du tout. Au début de la révolution nous avions de l'espoir. Mais de nos jours, nous n'avons pas de solutions à nos problèmes. Mes parents sont malades. je veux travailler, pas pour moi-même, mais juste pour pouvoir m´occuper de ma famille".
Les attentes des Tunisiens sont donc claires : l'Assemblée constituante qui sera élue dimanche prochain doit apporter des réponses aux exigences de la révolution.
Auteurs : Alexander Göbel, Eric Segueda
Edition : Carine Debrabandère, Cécile Leclerc