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Au Kenya, Raila Odinga qualifie le scrutin de "parodie"

16 août 2022

Si William Ruto a été déclaré vainqueur de la présidentielle, son principal rival, Raila Odinga conteste les résultats.

Des partisans de William Ruto célèbrent sa victoire électorale
Les partisans du vice-président et candidat à la présidence William Ruto célèbrent sa victoire sur le chef de l'opposition Raila Odinga.Image : Brian Inganga/AP/picture alliance

"Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la Constitution" a fait savoir Raila Odinga qui s’est exprimé aujourd’hui (16.08.2022), pour la première fois depuis l’annonce des résultats qui ont proclamé son challenger William Ruto vainqueur du scrutin.

Pour Carole Osero-Ageng'o, chef de file chez Initiatives Globales et représentante régionale pour l'Afrique auprès de HelpAge International, Raila Odinga est dans son droit, celui d’utiliser toutes les voies constitutionnelles pour contester les élections.

Sa déclaration s’aligne sur celle des commissaires de la CENI qui ont désavoué les résultats, précise Carole Osero-Ageng'o qui estime qu'en utilisant les voies légales, il se range du côté de la démocratie et permettra de savoir ce qui s’est réellement passé.

" Je pense que c’est une arme à double tranchant, d’une part, il donne de l’espoir à ses partisans politiques que tout n’est pas perdu. Mais il pourrait aussi les inciter à poursuivre la violence qui a commencé hier car maintenant ils se sentent lésés. D’autre part, il confirme ce que l’on attendait en attendant que le processus constitutionnel se déroule," insiste Mme Osero-Ageng'o.

Exit les vieux démons des violences postélectorales?

S’agissant du processus électoral en lui-même, on aurait tendance à se demander si les différents projets de société présentés par les candidats ont évincé les critères ethniques connus jusque-là au Kenya. Pour Meron Elias, analyste Afrique de l'Est et australe à International Crisis Group (ICG), les élections n'étaient pas particulièrement basées sur des lignes ethniques cette fois-ci. Au contraire, souligne le chercheur, les deux candidats principaux ont réussi à mobiliser différents groupes sur leurs propositions de politiques publiques et non leur appartenances ethniques.

Self made man

S’agissant de William Ruto, bien qu’il n’ait pas été soutenu par le président sortant, Uhuru Kenyatta, Meron Elias souligne que : "c’est un génie de politique domestique. Il fait campagne depuis des années et  il a réussi à se créer sa propre base politique. Son éloignement de Uhuru Kenyatta l'a aidé à construire une image d'opposant alors qu'il est député président. Le support de Kenyatta était plus coûteux qu'avantageux en fin de compte pour Odinga. Beaucoup au Kenya ont voté contre Uhuru plutôt que pour Ruto ou contre Raila ."

William Ruto devient le 5ème président kényan depuis l’indépendance en 1963. Ce self made man qui briguait la présidence pour la première fois a été accusé de crimes contre l'humanité  qui auraient été commis dans le contexte des violences postélectorales au Kenya en 2007-2008. En 2016, la CPI a prononcé un non lieu et a annulé les charges qui pesaient contre lui.

 

 

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