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William Ruto en visite à Berlin

28 mars 2023

Le président kenyan s'est entretenu notamment avec Olaf Scholz, alors qu'au Kenya, la situation sociale reste très tendue.

William Ruto et le chancelier Olaf Scholz en conférence de presse (28.03.2023)
William Ruto et le chancelier Olaf Scholz veulent renforcer la coopération entre leurs deux paysImage : Kay Nietfeld/dpa/picture-alliance

Le Kenya toujours sous tension. Ce matin, l'Union africaine a appelé au calme et au dialogue par la voix du président de la Commission. Moussa Faki Mahamat exhorte "toutes les parties en présence" à "entamer un dialogue pour surmonter toute divergence dans l'intérêt suprême de l'unité et de la réconciliation nationale", fin de citation.

Hier, des manifestations ont eu lieu à l'appel de l'opposition, malgré l'interdiction des rassemblements par les autorités. Le rival malheureux de William Ruto à la présidentielle de l'année dernière, Raila Odinga, conteste toujours les résultats des élections.

Il appelle ses partisans à manifester tous les lundis et tous les jeudis pour protester également contre la hausse des prix. L'inflation dépassait les 9% en février. Raila Odinga qui s'étonne que le président se rende en Allemagne étant donnée la situation au pays.

Des violences au Kenya

Les manifestations ont été émaillées de violences. A Kisumu, ville de Raila Odinga située dans l'ouest du pays, où un jeune homme a été tué par balles hier. Et dans des faubourgs de la capitale, des pillards ont volé des moutons et saccagé en partie une résidence agricole qui appartient à l'ancien président, Uhuru Kenyatta, qui avait soutenu la candidature de William Ruto.

William Ruto assure qu'il est prêt à discuter, dans le cadre de la ConstitutionImage : DW

C'est donc dans ce contexte délicat que le président kényan est en visite à Berlin. William Ruto a échangé aujourd'hui avec le chancelier, Olaf Scholz, et la ministre de la Coopération, Svenja Schulze.

Ruto se dit ouvert au dialogue

En marge de cette visite, William Ruto a également accordé une interview à la Deutsche Welle dans laquelle il appelle ses concitoyens à respecter l'Etat de droit. Il impute les manifestations davantage à la mauvaise foi de ses concurrents politiques qu'à l'augmentation du coût de la vie. Mais il assure être ouvert à la discussion :

"Je suis prêt à dialoguer avec tous les Kényans, y compris l'opposition, sur les questions qui sont importantes pour le peuple kényan. Ce que l'opposition propose actuellement est un programme très égoïste et étriqué qui n'est pas tenable. L'opposition demande une discussion sur une élection qui s'est déroulée il y a six mois, une élection qui a été observée par la communauté internationale. Une élection à laquelle l'Union européenne a donné un certificat de bonne santé. L'UE, tous les observateurs.

[Les membres de l'opposition] veulent y revenir. Mais cela ne s'inscrit pas dans le cadre de la Constitution. Nous sommes une démocratie constitutionnelle. Nous croyons en l'Etat de droit. Ils veulent que nous sortions de l'Etat de droit. Ils veulent que nous allions discuter en dehors du cadre de la Constitution. Ce n'est pas soutenable. […]

En tant que président, je ne participerai à aucune violation de la loi, car j'ai prêté serment de garantir et de faire respecter la Constitution et les lois du Kenya. Tout engagement qui enfreint les lois du Kenya est malvenu. Je suis ouvert à toute autre discussion, qui s'inscrit dans le cadre fixé par la loi."

Un rôle en Afrique de l'est

Le chancelier Olaf Scholz a relevé pour sa part l'importance du Kenya dans la sous-région : "Le Kenya est une démocratie solide qui fonctionne, a-t-il déclaré devant la presse. Il est un facteur de stabilité dans une région agitée. Pour aider à surmonter les crises qui sévissent en Afrique de l'Est – en Somalie, en Ethiopie, en République démocratique du Congo – le Kenya joue un rôle prépondérant. L'Allemagne entend soutenir à l'avenir encore davantage le Kenya dans ce rôle."

La lutte contre le réchauffement climatique, la coopération en matière de transition énergétique, ont été au cœur des entretiens entre les deux dirigeants, tout comme la coopération économique.

Les deux dirigeants entendent par exemple renforcer leurs échanges dans les énergies renouvelables comme l'éolien, l'hydroélectricité, le solaire ou encore la géothermie.

La guerre russe en Ukraine

Dans son interview à la DW, William Ruto a de son côté fait part de son inquiétude face à la guerre que mène la Russie en Ukraine en ces termes :

"C'est vraiment dommage parce que nous tous attendons une désescalade. Mais cette désescalade ne semble pas se profiler dans un avenir porche. Et la menace du déploiement d'armes nucléaires – et le nucléaire dans cet espace géographique – fait encourir un risque à de nombreuses vies, à de nombreuses personnes et peut-être que le monde entier risque une guerre totale dont personne ne sait qui sera la prochaine victime. Cela montre bien l'urgence pour tous les acteurs. Cela est une source d'inquiétude pour les nations, pour les dirigeants à travers le monde : cette guerre n'est pas en train de se désamorcer. En fait, elle s'intensifie."

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