Saba Saba vire à la tragédie au Kenya
8 juillet 2025
C’était un 7 juillet particulièrement violent au Kenya. Lundi, il y avait non seulement du feu dans les rues de Nairobi, mais aussi du feu dans le cœur des manifestants kényans.
Une nouvelle journée de mobilisation et de nouvelles confrontations violentes entre les manifestants et les forces de l’ordre. Ils réclamaient un changement politique. En retour, ils ont reçu des gaz lacrymogènes, des canons à eau et même des coups de fouet.
Plus de 100 morts depuis juin
Des images choquantes montrent des policiers en train de fouetter des manifestants entassés à l’arrière d’un camion. Sous une pluie de projectiles, certains agents ont battu en retraite, avant d’ouvrir le feu sur la foule.
Au moins dix morts ont été recensés lundi (07.07.2025). Depuis le début des protestations en juin dernier, près de cent manifestants ont été tués par la police, un bilan qui ne fait qu’alimenter la révolte.
"Ils devraient réfléchir à ceux qu’ils tuent. Nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des humains comme eux. Ils sont censés nous protéger, pas nous abattre. Vers qui pouvons-nous nous tourner pour notre sécurité ?", a déploré un manifestant.
Un autre précise que "Le coût de la vie doit baisser. La police doit rendre des comptes. Et les jeunes doivent trouver du travail, au lieu de rester dans la rue."
Saba saba ou le 07 – 07
La Journée Saba Saba ("Sept, sept" en swahili, pour 7 juillet), marque l’anniversaire des grandes manifestations du 7 juillet 1990, qui ont conduit à la fin du système de parti unique au Kenya durant le régime autocratique de Daniel arap Moi (1978-2002).
Mais cette année, la commémoration a pris une autre tournure.
"À l’origine, Saba Saba visait à lutter pour le multipartisme. Aujourd’hui, il s’agit de se battre pour la bonne gouvernance. Mais cette année, les choses ont un peu changé. Les gens commencent à rejeter les politiques du gouvernement. La signification de Saba Saba évolue : c’est devenu une revendication pour plus de gouvernance, plus de développement", a expliqué l’analyste politique kényan Michael Nato
Michael Nato ajoute que ce sont surtout des jeunes frustrés, issus de régions touchées par la mauvaise gestion du gouvernement, qui voient désormais ce mouvement comme une lutte pour faire tomber le pouvoir en place.
Au lendemain des violences, la tension restait palpable. La police a bloqué l’accès au centre-ville. Les routes menant au parlement et à la présidence ont été barricadées. Même si un calme relatif est revenu, la colère ne retombe pas et la jeunesse kényane, elle, refuse de se taire.