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Le Kenya devient-il un carrefour politique pour la RDC ?

17 octobre 2025

À Nairobi, Joseph Kabila rencontre des opposants congolais : le Kenya s’impose comme un acteur clé du jeu politique en République démocratique du Congo.

Félix Tshisekedi et Joseph Kabila
A Nairobi, les opposants ont annoncé se rassembler en "Mouvement sauvons la RDC" dans une déclaration dans laquelle ils décrient la dégradation sécuritaire, appellent les Congolais à "dresser le front et résister à la dictature"

C'est à Nairobi que Corneille Nangaa a annoncé, en décembre 2023, la création de l'Alliance fleuve Congo qui a rejoint la rébellion du M23, laquelle occupe une partie de l'est de la RDC. 

C'est dans la capitale kényane encore qu'a été créé, mercredi dernier, Sauvons la RDC, un mouvement dirigé par l'ex-président Joseph Kabila, récemment condamné à mort par la haute cour militaire. 

Ce comportement des autorités kényanes provoque de la colère du pouvoir congolais. Adolphe Amisi Makutano est un cadre de l'Union pour la démocratie et le progrès social, le parti du président Félix Tshisekedi.

"Quand on voit un président Ruto qui se comporte en bandit, invitant les autres bandits chez lui, parce qu'il a le pouvoir de mettre à mal la République démocratique du Congo, là, nous disons non. Aujourd'hui, le Kenya est considéré comme un pays envahisseur du fait que son président donne une chance à tous ceux qui mettent à mal notre pays et leur accorde l'hospitalité", déplore Makutano.

"Les initiatives de déstabilisation de la RDC"

En effet, les objectifs de la rébellion de l'AFC-M23 ne semblent pas très éloignés de ceux de Sauvons la RDC puisqu'il s'agit de conquérir le pouvoir par les armes. 

Le professeur Moïse Cifende est enseignant à l'université catholique de Bukavu et il estime que le Kenya envoie un mauvais signal à l'Afrique. 

"Le Kenya est l'un des pays qui déstabilisent la RDC depuis un certain temps. Les initiatives de déstabilisation de la RDC, que ça soit une déstabilisation militaire ou politique, ces dernières années, prennent leur encrage au Kenya. Cela montre à quel niveau le Kenya ne joue pas franc jeu avec la RDC", déclare Cifende.

Kinshasa a rappelé son ambassadeur à Nairobi après la création de l'AFC-M23, en décembre 2023. La colère des autorités congolaises s'est aggravée, en août dernier, lorsque le président kényan, William Ruto, a nommé un consul à Goma, une zone sous contrôle rebelle. 

Une alliance scellée loin de Kinshasa

En 2018, Tshisekedi et Kamerhe avaient lancé leur projet commun, le CACH

Alors qu'il se présente comme un médiateur dans la crise entre le gouvernement congolais et la rébellion de l'AFC-M23, le Kenya semble soutenir l'opposition. C'est du moins ce que pense Yvon Muya, chercheur à l'Ecole d'études des conflits de l'université Saint-Paul à Ottawa, au Canada.

"D'un côté, il a participé à la force régionale de l'EAC qui s'est aujourd'hui retirée du pays et de l'autre, il devient un espace de projection politique pour des acteurs qui contestent le régime de Félix Tshisekedi. Cela brouille clairement sa posture de médiateur. Il faut dire que Nairobi devient une sorte de hub diplomatique alternatif. Cela alimente la crise de confiance entre les deux capitales", analyse Muya. 

Ironie de l'histoire, c'est également à Nairobi que Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, alors opposants au régime de Joseph Kabila, s'était rencontrés, en novembre 2018, pour créer le Cap pour le changement, le Cach. Une coalition de deux alliés, à savoir l'UDPS de Félix Tshisekedi, et l'Union pour la nation congolaise, l'UNC de Vital Kamerhe.