Kiev voudrait frapper en Russie avec les armes de ses alliés
29 mai 2024Vladimir Poutine menace les pays occidentaux de "graves conséquences" si l’Ukraine venait à utiliser des armes fournies par ses alliés pour frapper le territoire russe.
Kiev réclame la levée des restrictions sur l’usage que son armée peut faire de ses munitions, notamment face à l’avancée des troupes russes dans la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine.
L’Otan avait lancé un appel pour assouplir les règles en début de semaine.
"La ligne de front et le tracé de la frontière entre l’Ukraine et la Russie sont plus ou moins identiques", expliquait Jens Stoltenberg. Du coup, selon le patron de l’Otan, "les Ukrainiens ont les mains liées s'ils ne peuvent pas attaquer des cibles militaires sur le territoire russe".
Et c’est donc ce que l'armée ukrainienne, inférieure en soldats et en munitions, réclame. Pouvoir frapper en Russie avec les armes fournies par les Occidentaux. Car c’est sur leur territoire que les troupes russes se positionnent pour ensuite attaquer, et c’est de là qu’elles font décoller leurs avions de combat sans être gêné.
Une ligne rouge pour Washington et Berlin
Or, ce n’est pas l’Otan qui décide. Chaque pays fournisseur d’armes peut imposer ou non des restrictions. Et le sujet divise parmi les alliés, à la grande satisfaction de Moscou.
Parmi ceux qui s’y opposent : les Etats-Unis, premier fournisseur d’armes à l’Ukraine, avec une part de près de 40 %. La Maison Blanche a rejeté mardi (29.05) une demande de Kiev pour lever les restrictions. "Notre position n’a pas changé à ce stade", répond Washington. Ce mercredi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a assuré que les alliés de l'Ukraine vont "s'adapter et ajuster" leurs livraisons d'armes pour lui garantir un succès. Il tenterait de con
Berlin craint également une escalade et un conflit ouvert avec Moscou. Le chancelier allemand Olaf Scholz ne voit actuellement aucune raison d'assouplir les règles convenues avec l'Ukraine pour l'utilisation des armes livrées par l'Allemagne, le deuxième fournisseur de Kiev.
Le chef de file des sociaux-démocrates du SPD, le parti du chancelier, abonde dans le même sens. Kevin Kühnert a aussi pointé le risque que des armes occidentales puissent "toucher par erreur une infrastructure civile en Russie"
La France et la Pologne favorables
"Ne pas toucher les capacités civile", c’est la condition également posée hier par Emmanuel Macron, lors d’une visite en Allemagne. Mais contrairement à son homologue allemand, le président français dit vouloir permettre aux Ukrainiens "de neutraliser les sites militaires russes d’où sont tirés les missiles" qui s’abattent ensuite sur l’Ukraine.
Enfin, la Pologne, troisième fournisseur de Kiev, assure que l’armée ukrainienne est libre de faire ce qu’elle veut des armes qu’elle lui livre. Il n’y a pas de restrictions. Pour le ministre polonais de la Défense, "les Ukrainiens peuvent se battre comme ils l’entendent".