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Kosovo : un rapport accable le Premier ministre

16 décembre 2010

Un rapport du Conseil de l'Europe met en cause le Premier ministre Hashim Thaçi et plusieurs autres anciens membres de l'UÇK, l'Armée de libération du Kosovo. Ils auraient été impliqués dans un trafic d'organes.

Hashim Thaçi est candidat à sa successionImage : picture alliance / dpa

Les révélations du rapporteur spécial du Conseil de l'Europe, Dick Marty, ont provoqué de nombreuses réactions, à commencer par celle du gouvernement kosovar, qui nie toute implication et menace d'engager des poursuites judiciaires. Mais ce n'est pas le première fois que de telles accusations sont lancées contre Hashim Thaçi, selon Dusan Reljic, expert à l'Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité :

Dimanche, se sont tenues les premières élections législatives depuis la déclaration d'indépendance en 2008Image : picture-alliance/dpa

« Jusqu'à présent, on savait que de nombreux leaders politiques au Kosovo et dans la région étaient impliqués. Et dans le cas du Premier ministre Thaçi, non seulement il y a eu des rumeurs répétées, mais aussi des accusations publiques et dans certains rapports gouvernementaux confidentiels, où on l'associait au crime organisé et à cette terrible affaire de collecte d'organes humains. »

Selon lui, ce scandale pourrait compliquer les relations du Kosovo avec les puissances occidentales qui ont reconnu l'indépendance de cette ancienne province yougoslave.

« Après la vague d'indignation dans les médias internationaux, il va être difficile de continuer à soutenir que Monsieur Thaçi contribue à la stabilité dans la région. Mais quant à savoir si les puissances occidentales vont le lâcher, cela va dépendre de leur analyse de la situation et s'ils voient d'autres acteurs politiques au Kosovo qui pourrait assurer la relève au gouvernement. »

Le rapporteur spécial Dick Marty tient une conférence de presse ce jeudi à Paris.Image : picture alliance/dpa

Briser un tabou

Lawrence Marzouk, qui travaille pour le Réseau du journalisme d'enquête des Balkans, observe qu'au Kosovo, ni le gouvernement, ni l'opposition, ni la société civile n'ont osé jusqu'ici se confronter au contenu du rapport, car ce sont des sujets très sensibles pour la population :

« Tout cela reste un sujet incroyablement tabou, dont les gens ne veulent pas parler, principalement à cause de ce statut qu'a acquis l'Armée de libération du Kosovo, considérée comme des combattants de la paix, des libérateurs. Il y a toujours un énorme respect pour ces gens qui ont lutté pour un Kosovo libre. »

Si le rapport de Dick Marty est adopté ce jeudi, il sera débattu à la prochaine assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, en janvier.

Auteurs : Darren Mara / Sébastien Martineau
Edition : Anne Le Touzé