L'élection au Togo dans la presse allemande
21 février 2020C'est la Tageszeitung qui emmènait en premier ses lecteurs allemands au Togo cette semaine. Et ce qu'on peut dire est que cette élection ne donne pas vraiment une bonne image du pays en Allemagne, alors que dans le pays aux 7,6 millions d'habitants, 3,6 millions de personnes doivent voter ce samedi 22 février.
"Le président de 53 ans a pris le pouvoir en 2003 à la mort de son père, qui dirigeait un régime militaire dictatorial depuis 1967", écrit la Taz. Le contexte est posé. Et la suite est sur le même ton : "Aujourd'hui beaucoup de gens sont très prudents (...), Amnesty International parle d'ailleurs de 25 morts dans les rangs des opposants, sous les violences de la police depuis 2015", déroule la journaliste.
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"Résultats falsifiés"
Dans d'autres journaux, le ton est le même. La Neues Deutschland interviewe Kwassi Patrick Dadzie : le coordinateur général de Togo Focus, un groupe basé à Paris qui milite pour le changement au Togo. Celui-ci parle d'un scénario tout écrit pour ce samedi, entre les sept candidats en liste. "On n'attend rien d'autre que des résultats falsifiés, comme d'habitude depuis les élections présidentielles de 1993", se désole-t-il. Il met même en cause la diplomatie française qu'il accuse de soutenir le maintien au pouvoir du président sortant Faure Gnassingbé.
Difficile d'ailleurs de trouver des voix favorables au pouvoir, ou positives pour la démocratie dans les journaux allemands. "Il n'y a même rien à attendre du rôle de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest", enfonce Kwassi Patrick Dadzie. Ce qui est sûr c'est que le scrutin de demain sera observé. "L'élection controversée dans le petit Togo est le prélude à une super année électorale qui pourrait tenir l'Afrique en haleine jusqu'à la fin de l'année", conclut la Neues Deutschland.
Écoles fermées au Cameroun
Dans la presse aussi, des nouvelles du Cameroun, avec un sujet dont on vous a déjà parlé et qui revient dans la presse allemande cette semaine : celui des fermetures d'écoles sous la pression des sécessionnistes anglophones. On découvre dans la Berliner Zeitung un directeur d'école pris entre deux feux dans l'ouest du pays. Il "souffre de la politique discriminatoire du gouvernement central francophone", mais aussi "du diktats des rebelles qui pourrait le découper en petit bouts s'il ouvre ses salles de classe".
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Il y a peu il a dû donner près de 800€, plus de 500.000 francs CFA, pour faire libérer un professeur enlevé. "Au lieu de construire des murs autour de nos cultures, nous aurions dû construire des ponts", se désole ce directeur d'école. "Nous avons créé un monstre qui nous hantera longtemps", conclut-t-il.
Insécurité à Béni
Et puis, il y a des semaines ainsi... où les nouvelles négatives l'emportent sur les autres. La Taz publiait mercredi un article sur "cette guerre que personne ne comprend", parlant de Beni en RDC. "Toutes les semaines des personnes sont tuées dans la région et on évoque toujours les ADF", raconte le quotidien à ses lecteurs. Le journaliste tente de comprendre et d'expliquer les raisons de cette situation qui ne semble ne plus en finir, pas très optimiste.
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"L'armée est muette et a perdu la confiance des habitants", note la Taz. Un journaliste local évoque ces opérations que l'armée assure avoir gagné en forêt, sans montrer la moindre preuve, comme elle le faisait avant. "Même la mission de l'ONU sur place a un comportement étrange", poursuit le quotidien. "Et puis Ebola s'ajoute à tout cela (...). La fin de la tragédie n'est pas en vue."