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L'équipe du Nigeria de bobsleigh, pour écrire l'histoire.

19 février 2018

Pour la première fois de l'histoire des Jeux Olympiques, une équipe africaine va s'élancer en bobsleigh. Si ce sport est mal connu sur le continent africain, il pourrait susciter de nombreuses vocations à l'avenir.

Lagos Nigerianisches Frauen Bob Team
Image : Reuters/A. Sotunde

Pour sa première participation aux Olympiades d'Hiver, le Nigeria n'a pas eu froid aux yeux. Ce mardi, Seun Adigun et Akuoma Omeoga représenteront leur pays d'origine en bobsleigh, une discipline peu connue en Afrique de l'Ouest. Néanmoins, cette participation n'est pas le fruit du hasard. En effet, Adigun et Omeoga - ainsi que Ngozi Onwumere, la troisième membre de cette équipe, ont pratiqué l'athlétisme à haut niveau. Et à en croire Frank Jacob, entraîneur au sein de la fédération de bobsleigh de Thuringe (en Allemagne), leur passé sur les pistes est un avantage certain :

"Toutes les capacités physiques dont on a besoin au bobsleigh peuvent se retrouver chez un sprinteur, un lanceur de javelot – chez une personne pratiquant l'athlétisme à haut niveau, tout compte fait : l'explosivité, la vitesse, la puissance", explique-t-il. Et si lors de la première poussée, on utilise les bras, 95% de la force dont on a besoin vient des jambes. C'est pourquoi il faut avoir des jambes rapides, des jambes fortes ainsi qu'un torse solide pour pouvoir transmettre cette force au bobsleigh", poursuit l'entraîneur.

Le nouveau pari des championnes

Seun Adigun, spécialiste du 100m haies a été médaillée d'or aux championnats Afrique en 2010 (à Nairobi) et aux Jeux Panafricains en 2011 (à Maputo). Akuoma Omeoga a fait de l'athlétisme à l'Université de Minnesota (États-Unis). Quant à Ngozi Onwumere, elle a connu la gloire aux Jeux Panafricains de 2015 à Brazzaville, en remportant le relais 4x100m en compagnie de la célèbre sprinteuse Blessing Okagbare. Sous l'impulsion de Seun Adigun, qui a eu l'occasion de s'entraîner avec l'équipe américaine de bobsleigh, les trois Nigérianes se sont lancées corps et âme dans ce sport, en montant notamment une cagnotte pour s'acheter du matériel et espérer se qualifier pour les Jeux Olympiques. Dans leur sillage, elles ont entraînée une quatrième personne :  Simidele Adeagbo, une ancienne championne au triple saut, qui a décidé de se mettre au skeleton, une discipline individuelle qui requiert également beaucoup de vitesse.

Akuoma Omeoga (tout à gauche) et Seun Adigun (tout à droite) concourront pour le Nigeria en bobsleigh.Image : picture alliance/AP Photo/P. Semansky

Un sport d'avenir

Ce n'est pas la première fois que des athlètes se mettent au bobsleigh : l'exemple le plus célèbre n'est autre que la Jamaïque. En 1988, c'est une équipe entièrement composée de sportifs habitués aux pistes d'athlétisme qui avait été envoyée aux Jeux Olympiques de Calgary, au Canada. Une histoire qui avait inspiré le célèbre film "Rasta Rockett". Aujourd'hui, le continent africain sera représenté dans cette discipline par le Nigeria. Si, de Lagos à Kano (en passant par Ibadan et Abuja), nombreux seront celles et ceux qui encourageront leurs nouvelles héroïnes, cette aventure est bien loin d'être un feu de paille. Umar Saïd, le vice-président de l'Association des journalistes sportifs du Nigeria, est même convaincu que le parcours des Nigérianes fera naître des vocations, et ce même si pour l'instant, les athlètes ne s'entraînent pas encore au pays :

"En Europe ou aux Etats-Unis, les infrastructures sont les meilleures, et c'est normal que les athlètes s'entraînent là-bas au bobsleigh", décrypte-t-il. "Mais je suis convaincu que très bientôt, les dirigeants sportifs ainsi que les sponsors feront tout pour que nous aussi nous ayons des infrastructures dignes de ce nom, ce qui nous permettra d'avoir encore plus d'athlètes participant aux Jeux Olympiques d'Hiver. Quoi qu'il en soit, c'est une très bonne opportunité pour le Nigeria, et je suis sûr que dans les années à venir, il y aura d'autres pays africains qui se lanceront dans ces aventures", s'enthousiasme encore Umar Saïd.

Simidele Adeagbo lors de l'épreuve de skeleton.Image : Getty Images/M. Hangst

Écrire l'histoire

Pour la délégation du Nigeria, ces Jeux Olympiques sont l'occasion d'apprendre au plus haut niveau. Bien que 20ème et dernière de l'épreuve de skeleton, Simidele Adeagbo a réalisé des temps variant entre 53 et 54 secondes qui forcent le respect. Lors des essais en bobsleigh, la paire Adigun-Omeoga n'a pu faire mieux qu'un chronomètre de 52'96", finissant à un peu plus de deux secondes de la tête. Mais quelque soit leur résultat final au Centre de glisse d'Alpensia de Pyeongchang, les Nigérianes auront réussi la plus belle chose qui soit : écrire l'histoire.