1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
EconomieMaroc

La lente réforme de la Banque mondiale et du FMI

Elisabeth Asen
13 octobre 2023

Réunies à Marrakech au Maroc, les institutions financières de la Banque mondiale et du FMI sont critiquées pour être déconnectées des réalités de l’Afrique.

L'entrée du sommet de la Banque mondiale et du FMI à Marrakech
La réforme des institutions financières internationales pour mieux faire face aux défis mondiaux comme le changement climatique est au coeur des discours à MarrakechImage : Christophe Gateau/dpa

Le Maroc accueille, depuis le 9 octobre dernier, les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Jusqu’au 15 octobre, les échanges tourneront autour des perspectives économiques, de la stabilité financière, de la dette et l’impact du changement climatique. Parmi les priorités dans l’intervention de la Banque mondiale : le soutien à l’éducation dans un contexte de détérioration de la situation sécuritaire au Sahel.  

En effet, les conflits armés et le réchauffement climatique perturbent gravement l’avenir des enfants en Afrique, notamment dans le Sahel.  

Abdoul Salam Bello : "L'Afrique reste une priorité pour la Banque mondiale"

This browser does not support the audio element.

Près de 8.000 écoles ont été fermées en 2023 au Burkina Faso, au Mali et au Niger à cause de la recrudescence des violences.  

Pourtant, cette année, la Banque mondiale a déjà déboursé 230 millions de dollars pour une éducation de qualité au Niger. Le Burkina Faso et le Tchad ont eux aussi bénéficié de 780 millions de dollars pour des projets liés à l’éducation.  

La Banque mondiale accusée d’être déconnectée des réalités 

Mais l’accroissement des affrontements avec les groupes djihadistes dans ces trois pays pourrait contribuer à retarder le fonctionnement de ces projets. 

En marge du sommet, des activistes ont appelé à mettre fin à l'exploitation des énergies fossilesImage : Fadel Senna/AFP

Au-delà du soutien à l’éducation, que personne ne conteste, l’économiste togolais Yves Amaizo estime pour sa part que la Banque mondiale fait fausse route en Afrique.

Selon lui, "cette façon pour la Banque mondiale de ne pas reconnaître ses erreurs n’est pas acceptable parce que ce sont peut-être eux qui conseillent le Nigeria qui rencontre de grosses difficultés aujourd’hui parce qu’on les a plus ou moins forcé à supprimer les subventions, qui soutiennent les hôpitaux. La Banque mondiale a perdu le sens de la stratégie pour l’Afrique de demain, elle ne comprend plus cette Afrique. C’est pour cela qu’elle fuit sa mission qui est le financement réel des projets productifs."

Un rapport du Fonds mondial sur les perspectives de l'économie mondiale, publié au cours des assemblées annuelles 2023 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, prévoit une croissance de 2,9 % pour 2024, soit une légère baisse par rapport aux estimations de juillet qui tablaient sur 3 % de croissance.  

Cette baisse est liée à une reprise plus lente après les chocs de la pandémie de Covid-19 et de la crise ukrainienne. 

Marrakech accueille la banque mondiale et le FMI quelques semaines seulement après le terrible tremblement de terre dans la région qui a fait des milliers de mortsImage : Susana Vera/REUTERS

Se défaire de la dépendance financière 

Mais l’économiste Sénégalais Ndongo Samuel Sylla, qui participe aux assises de Marrakech, estime que l’Afrique devrait se détacher de sa dépendance financière envers ces institutions. D'après lui, "c'est un concept que les dirigeants africains ne comprennent pas parce qu’à chaque fois, ils tendent la main pour dire : nous pays africains nous n’avons pas d’argent, de financement. Tant qu’ils seront dans cette rhétorique, ils ne sortiront pas du système d’aide." 

Les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds mondial international s’achèvent le 15 octobre prochain.  

L’Afrique a acquis un troisième siège aux conseils d’administration de chacune des deux institutions, ce qui devrait contribuer à trouver de nouvelles stratégies, ou techniques de développement plus adaptées au continent.