La Casamance inquiète de l’arrivée de Bissau-guinéens
6 juillet 2020Les frontières sont fermées entre le Sénégal et la Guinée-Bissau depuis le début de la pandémie du coronavirus.
Une des plus grandes peurs aujourd'hui des habitants de la Casamance face à la propagation du nouveau coronavirus est l'immigration illégale de Bissau-guinéens porteurs du virus. Ces derniers passent la frontière pour venir se faire soigner.
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Transmission communautaire de la maladie?
Lamine Ndiaye, un habitant de Ziguinchor, ne cache pas son inquiétude face à cette situation:
"La population bissau-guinéenne infectée par le virus qui traverse la frontière pour rejoindre Ziguinchor est un problème qui nous fait peur parce que les malades peuvent infecter d’autres personnes et aider à la prolifération de la maladie. J'ai eu écho de cette travailleuse du sexe qui venait de Guinée-Bissau qui a eu des contacts avec des gens ici. C'est dangereux parce cette personne va transmettre la maladie à plusieurs personnes''.
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La Guinée-Bissau enregistre plus de 1.600 cas positifs dont 22 décès. En mai dernier, l'ONG Médecins sans frontières tirait la sonnette d'alarme devant la progression rapide de l'épidémie. La Guinée-Bissau était l’un des pays les plus touchés du continent en proportion de sa population (1,8 million). MSF s'inquiétait d'une réponse "insuffisante et souvent mal coordonnée", de la contamination d'un nombre important de soignants et de la stigmatisation associée à la maladie.
Manque d’infrastructures en Guinée-Bissau
Le système de santé est aussi précaire dans le pays. Dans la nuit du vendredi au samedi (27.06.20), des médecins cubains ont foulé le sol bissau-guinéen pour aider ce pays d'Afrique de l'ouest à combattre le virus. Selon Andoulaye Sambou, qui a séjourné en Guinée-Bissau, l'arrivée des Bissau-guinéens s’explique par le fait que leur pays souffre d'un manque d'infrastructures sanitaires à cause de l'instabilité politique.
"Si vous allez à l'hôpital principal de la Guinée-Bissau qui s'appelle Simon Mendes, vous trouvez les malades à même le sol. Ils peuvent attendre toute une journée sans recevoir de soins et c'est partout la même situation dans les hôpitaux publics. L'instabilité politique fait aujourd'hui que ce pays souffre sur tous les plans, que ce soit sur le plan économique ou éducatif. Donc le secteur sanitaire est affecté au même titre que les autres''.
Pour Lamine Banding Gassama, responsable de Cause première, une ONG locale qui participe à la lutte contre les maladies infectieuses comme la tuberculose, la situation requiert une solution transfrontalière.
"C'est tellement inquiétant que nous devons assurer la synergie des forces entre l'Etat du Sénégal et les ONG du nord comme du sud et la Guinée-Bissau. Il faut absolument qu'il y ait une lutte transfrontalière. Les frontières doivent sauter''.
À souligner que les cas de transmission communautaire se sont multipliés ces derniers jours dans la région et notamment à Ziguinchor qui demeure l'épicentre de l'épidémie.