La Chine, acteur responsable en Afrique?
12 janvier 2017Madagascar, la Tanzanie, la Zambie, le Congo Brazzaville ou encore le Nigeria – le ministre chinois des Affaires étrangères n’a pas choisi par hasard les étapes de sa première tournée diplomatique de l’année 2017, au cours de laquelle Wang Yi a confirmé les promesses commerciales faites aux pays africains lors du dernier sommet sur la coopération sino-africaine, fin 2015, à Johannesburg. Vous pouvez écouter la version audio de cet article en cliquant sur l'image ci-dessus.
Le paradigme sécuritaire
Selon un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Pékin a conclu 245 nouveaux accords d’une valeur de 50 milliards de dollars avec ses partenaires africains. Cela fait de l’Afrique la première destination des investissements chinois et de la Chine le partenaire commercial le plus important du continent, devant les États-Unis et l’Europe. Derrière le commerce, Pékin a des ambitions politiques mais aussi, de plus en plus, militaires, "et c'est une nouveauté", selon Angela Stenzel, spécialiste de la Chine à l’ECFR, European Council on Foreign Relations: "Cela va au-delà de la sécurité des investissements et reflète une nouvelle façon de penser de la Chine sur les problèmes du monde et ses propres intérêts." La Chine participe ainsi à sept des neuf missions de paix de l’Onu en Afrique, est engagée au Soudan du Sud, au Soudan et au Mali et construit actuellement à Djibouti sa première base maritime en Afrique. De là, les Chinois soutiennent la mission anti-piraterie dans le Golfe d’Aden.
Un signal envoyé au monde
Selon Angela Stenzel, Pékin poursuit par ces engagements un double objectif: protéger ses ressortissants et envoyer un signal au monde. "La Chine a eu longtemps une mauvaise image en Afrique, elle a été critiquée non seulement par l’Occident mais aussi par les leaders africains. Donc par cet engagement et cette présence croissante, la Chine cherche à montrer qu’elle est un acteur global responsable." Une responsabilité qui, pour l’instant, ne tient pas compte de la nature des régimes politiques des pays auxquels la Chine apporte son soutien financier et militaire, raison pour laquelle les Européens voient d’un mauvais œil le développement des relations sino-africaines. Selon Angela Stenzel, les Européens devraient toutefois coopérer avec Pékin, en vue d’assurer la stabilité du continent africain - dans l’intérêt de tous.