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La Chine s'offre le droit de polluer en Afrique

14 décembre 2018

Alors que Pékin ferme ses propres centrales à charbon, la presse allemande rappelle que des entreprises chinoises financent et construisent des installations polluantes à l’étranger.

Südafrika Kohlekraftwerk in Mpumalanga
Image : picture-alliance/dpa/epa/B. Kurzen

« Le vent de l’océan Indien qui transporte les vagues vers le rivage. Des crabes qui grimpent sur les racines des mangroves, pendant que les touristes profitent du soleil. » Voilà les images idylliques de Lamu, une petite île que l’on peut presque toucher depuis les côtes du Kenya. die Tageszeitung nous fait visiter ce petit coin de paradis. Un paradis, menacé par une centrale à charbon. Elle doit coûter deux milliards de dollars et comme souvent, précise le journal, "lorsqu’il s’agit de grands projets au Kenya, c’est une banque chinoise qui se charge du financement et des entreprises chinoises qui vont construire la centrale."

La Süddeutsche Zeitung avait déjà fait ce constat dans un édito cette semaine, alors que COP24, la Conférence sur le changement climatique, se termine en Pologne : Pékin est le plus gros adversaire dans la lutte contre le réchauffement, car « la Chine ferme ses centrales à charbon pour en construire des nouvelles en Afrique. »

Si à Lamu au Kenya on espère des créations d’emplois, il y a la crainte des poussières fines, du réchauffement de l’eau autour de la centrale et donc de la disparition de poissons. 

 

Le smog cache le soleil

die Tageszeitung explique que des entreprises chinoises construisent ou financent ainsi plus d’une centaine de centrales à charbon dans le monde. « La population chinoise veut moins de pollution, le pays consomme donc moins de charbon. Les experts estiment, conclut le quotidien, que la Chine renforce la construction de centrales à l’étranger, pour écouler et exporter sa matière première. »

Sauf qu’il n’y a pas qu’en Chine qu’on aimerait mieux respirer. En Afrique du Sud aussi, comme en témoigne ce reportage de la Frankfurter Allgemeine Zeitung à Mpumalanga, une région au nord-est du pays.

Mpumalanga veut dire « là où le soleil se lève », mais avec le smog on en devine à peine les rayons. Nous sommes au cœur de la production d’énergie sud-africaine. La province compte « pas moins de douze centrales à charbon et la plus grande usine de liquéfaction de charbon au monde. Plus de 2.000 personnes y meurent chaque année de cancers des poumons et d’autres maladies à cause de la pollution de l’air. »

D’après la FAZ qui cite Greenpeace, "les centrales à charbon en Afrique du Sud ont le droit d’émettre dix fois plus de CO2 que celles en Chine. » Mais comme les caisses du fournisseur d’énergie public sont vides, le changement, ce n'est pas pour tout de suite.

 

Décoloniser un musée de la colonisation

Le changement, en Belgique cette fois, où le musée royal de l’Afrique centrale a rouvert ses portes près de Bruxelles après cinq années de rénovation. Ce musée, qui pendant des décennies a glorifié l’entreprise coloniale belge au Congo, a voulu changer sa présentation de l’histoire et de l’héritage de la Belgique en Afrique.

La projection artistique de Freddy Tsimba commémore les victimes congolaises de la colonisationImage : Jo Van de Vijver, © RMCA

Le lieu « cachait les atrocités et prétendait que l’oppression était un exploit de civilisation » raconte la Berliner Zeitung. On y trouvait par exemple une liste de noms de 1.500 Belges tombés au Congo. Désormais sont projetés sur le même mur les noms de victimes congolaises.

Cette réouverture relance aussi la question de la restitution des œuvres africaines volées pendant la colonisation. Que les pièces doivent être restituées « fait désormais consensus », affirme Die Zeit. Mais il faut aller plus loin selon le journal. Ces objets et œuvres d’art sont aussi une opportunité de travailler sur l’histoire et ses interactions dans le monde de l’art. Car ce sont bien « des statues en bronze du Bénin que des peintres allemands ont découvert dans un musée de Dresde pour en faire des croquis, les intégrer dans leur propres tableaux et marquer ainsi l’art moderne. »