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La chute des cours du baril assèche les budgets en Afrique

5 mai 2020

Plusieurs pays producteurs de pétrole en Afrique ont décidé de revoir leur budget à la baisse. C'est la conséquence directe de la chute des cours du baril liée à la guerre des prix et la pandémie du Covid-19.

Le Nigeria est le premier producteur de pétrole en Afrique (Archives - 19.08.2010)
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole en Afrique (Archives - 19.08.2010)Image : picture-alliance/dpa/EPA/G. Esiri

"La situation actuelle oblige les Etats à revoir leur budget"- Nj Ayuk

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Premier producteur de pétrole en Afrique, le Nigeria tire de son brut 70% de ses revenus d'exportation. Avec la chute des prix, les prévisions de recettes sont revues à la baisse. Le pays se retrouve en difficulté, ce qui justifie son recours au Fonds monétaire international.

3,4 milliards de dollars ont donc été accordés au Nigeria en guise d'aide d'urgence. C'est près du double de ce dont le pays a besoin, selon la ministre des Finances, Zainab Ahmed. Le Nigeria doit donc se tourner vers d'autres bailleurs pour s'en sortir.

Ibrahim Jibrin, directeur du Centre de démocratie et de développement au Nigeria, explique avoir pressenti ce problème depuis longtemps, "dans la mesure où la dépendance du pétrole a été excessive depuis très longtemps".

Mais l'expert nigérian redoute un autre problème. "Le Nigeria, depuis quelques années, contracte des prêts, surtout des prêts chinois. Mais déjà il est devenu difficile de rembourser !  Et cela posera un problème", affirme-t-il.

La faiblesse des prix assèche les budgets 

L'Angola, deuxième producteur de pétrole en Afrique, a décidé de réduire sa production de 1,39 millions de barils par jour en mars à 1,18 millions de barils par jour depuis ce mois de mai. La croissance du pays en subit les conséquences.

Quant à l'Algérie, le gouvernement prévoit un recul des recettes des hydrocarbures à 20,6 milliards de dollars contre 37,4 milliards prévus dans la loi de finances initiale de 2020.

Le Tchad et la Guinée équatoriale font face aux mêmes difficultés.

Nj Ayuk, président de la Chambre africaine de l'énergie, explique que "la situation actuelle oblige les Etats à revoir leur budget et opérer des coupes dans les dépenses publiques de sorte à préserver le contrat social, promouvoir la création d'emploi et stimuler la croissance qui était déjà un défi avant la pandémie de Covid-19".

Une station essence à Luanda (Archives - 16.11.2014) Image : DW/C.V. Teixeira

Transformer les difficultés actuelles en une opportunité

Pour Nj Ayuk, "la situation offre une parfaite opportunité d'émergence aux compagnies locales. Surtout dans les secteurs de la maintenance, la logistique et des opérations dans le domaine du gaz et du pétrole. Elles peuvent utiliser cette opportunité pour stabiliser le secteur et devenir des acteurs".  

La Guinée équatoriale se positionne déjà sur cette piste en prenant une série de mesures permettant aux entreprises locales de servir d'appui à leurs partenaires étrangers pour sauvegarder leurs opérations dans le pays.

Après les crises de 2114 et 2016, les Etats avaient opté pour une diversification de leur économie. Mais des années après, cela n'a jamais été concrétisé, ce que regrette Nj Ayuk.