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La colère de la rue ne faiblit pas en Libye

4 juillet 2022

Les manifestations se poursuivent pour dénoncer les conditions de vie, rendues encore plus difficiles à cause de coupures d’électricité monstres.

Le parlement de Torbrouk, à l'est de la Libye, a été incendié par les manifestants
Image : REUTERS

La Libye est toujours divisée en deux camps avec un Parlement à Tripoli, la capitale, et à Tobrouk, dans l’est du pays. L’échec de la dernière réunion à Genève entre les deux parties sous l’égide de l’Onu a été la goutte de trop, dans un pays au bord de la rupture, comme nous l’explique Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM) à Genève, dans une interview à la DW.

Ecoutez l'interview d'Hasni Abidi...

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DW : Etes-vous surpris par ces manifestations et jusqu’où peuvent-elle aller ?

Hasni Abidi : Les manifestations en Libye ne sont pas surprenantes, les conditions économiques et sociales ne cessent de se dégrader. Il y a une pénurie, il y a presque une politique de retards dans les paiements, c'est à dire qu'il y a moins de liquidités. Les banques libyennes ne sont plus dans un fonctionnement normal. Sans parler bien sûr des coupures d'électricité qui sont vraiment récentes en Libye, en raison bien sûr au blocage des sites pétroliers.

C'est un début de printemps libyen auquel nous assistons, même s'il n'est pas dans les mêmes formes. Mais on sent bien qu'il y a un ras-le-bol général de la part de tous les Libyens qu’ils soient à l'est, à l'ouest ou au sud du pays.

La population peut-elle espérer obtenir quelque chose par la rue ?

Si la pression de la rue continue, oui, elle peut obtenir quelques concessions. Au moins une entente entre les nouvelles et anciennes figures politiques.

Chaque camp veut récupérer et utiliser ces manifestations pour se positionner comme la relève et la solution de la crise libyenne. Mais les Libyens veulent le départ de toutes ces figures politiques. Le problème est que leur départ exige l'organisation des élections et c'est justement sur l'organisation des élections que les choses aujourd'hui sont figées.

Des élections à tout prix, c'est aussi là que se situent les efforts de la communauté internationale. Mais n’oublie-t-on pas, en attendant, de prêter main forte sur les autres chantiers que sont l'économie, les exportations d'hydrocarbures ou les infrastructures qui ne fonctionnent plus ?

Oui, c'est vrai qu’une certaine priorité est donnée pour les élections. La communauté internationale fait un calcul selon lequel, seules les élections sont en mesure de sortir la Libye de cette impasse. Et les conditions économiques très difficiles, par le blocage de sites pétroliers notamment, sont la conséquence de ce blocage politique.

Mais on sait qu’il y a aussi la présence de milices, la militarisation, ou encore les intérêts économiques qui sont problématiques. On voit bien que les figures actuelles, cherchent des garanties et ne veulent pas partir sitôt de la scène politique parce qu’être au pouvoir en Libye est devenu une forme d'enrichissement.