La course d'obstacles de Francine Niyonsaba
15 mai 2019Le13 mai dernier, la fédération sud-africaine d'athlétisme a fait appel de la décision du jugement du Tribunal Arbitral du Sport concernant Caster Semenya. Un jugement qui impose à la championne d'athlétisme de prendre des médicaments pour baisser son taux de testostérone. Une autre athlète est concernée par ce phénomène d'hyperandrogénie : il s'agit de la Burundaise Francine Niyonsaba, la principale concurrente de Semenya sur l'épreuve du 800 mètres.
Des débuts en fanfare
Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Francine Niyonsaba a toujours aimé courir. Courir pour le plaisir, mais aussi pour s'en sortir. Car celle qui est née il y a 26 ans dans la province du Ruyigi, dans l'Est du Burundi, n'a pas toujours eu une vie facile :
"Je viens d'une famille pauvre qui ne pouvait me donner ce que je voulais. J'allais à l'école pieds nus, je courais également sans chaussures. (...) Quand les gens me voyaient courir dans la rue, ils se disaient que j'étais folle. Ils n'étaient pas habitués à voir des gens courir, et encore moins des femmes."
Francine Niyonsaba a fait ses débuts professionnels en 2012, lors des championnats d'Afrique qui se disputaient alors à Porto-Novo, au Bénin. Spécialiste du 800 mètres, elle s'impose à la surprise générale en 1min59sec devant des coureuses expérimentées telles que la Kényane Eunice Sum et la Marocaine Malika Akkaoui. Un titre de championne d'Afrique qui l'élève vers de nouveaux cieux, mais qui ne lui fait pas pour autant oublier d'où elle vient :
"La première personne qui m'a inspirée, c'était ma mère. Tous les jours, je la voyais se lever tôt et aller aux champs pour subvenir à nos besoins. C'est mon premier modèle."
L'ombre de Semenya
Les années suivantes, Francine Niyonsaba est sacrée championne du monde en salle du 800 mètres à deux reprises, à Portland en 2016 puis à Birmingham en 2018. Elle aurait pu remporter plus de titres si elle ne se faisait pas régulièrement barrer la route (aux Jeux Olympiques ou encore en Ligue de Diamant) par sa grande concurrente, Caster Semenya. Comme l'athlète sud-africaine, Francine Niyonsaba a un taux de testostérone plus élevée que la moyenne. Une hyperandrogénie qu'elle a révélée en avril dernier. Comme Caster Semenya, elle est accusée de concurrence déloyale par ses détracteurs. Des critiques qu'elle balaye d'un revers de main :
"Je sais que les gens parlent dans mon dos, mais cela ne m'arrêtera pas. En fait, j'aime ça quelque part, parce que cela me donne de la motivation. Je n'ai pas demandé à naître ainsi. Qui suis-je donc? Dieu m'a faite ainsi, j'aime qui je suis. Je serai toujours Francine, et je ne compte pas changer."
Reste à savoir si Niyonsaba sera elle aussi jugée comme Semenya, et quelles seront les conséquences pour la suite de sa carrière. Une carrière qu'elle ne compte pas arrêter tant qu'elle n'aura pas accompli son rêve : remporter une médaille d'or aux Jeux Olympiques.