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PolitiqueAmérique du Nord

La démocratie américaine reste-t-elle un modèle inspirant?

Carla Bleiker | Wendy Bashi
30 octobre 2024

Pendant longtemps, les États-Unis se sont considérés comme une démocratie exemplaire ,cependant, depuis quelques années, la donne a profondément changé.

USA Washington DC: U.S. Capitol Building and Supreme Court (photo d'illustration)
Le 6 janvier 2021, une foule d'extrémistes, encouragée prend d'assaut le Capitole (photo d'illustration)Image : Graeme Sloan/sipa USA/picture alliance

En 1961, le président John F. Kennedy déclarait que le monde regardait toujours vers les États-Unis et leur démocratie. Pour lui, son pays devait se considérer comme un village sur une colline et demeurer une référence à tous les niveaux de gouvernance.

"Ils ont affaire à un Congrès qui ne fonctionne pas bien du tout " (Michael Berkman)

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Pourtant, soixante ans plus tard, le 6 janvier 2021, une foule d'extrémistes, encouragée par le président de l'époque, Donald Trump, prend d'assaut le Capitole pour tenter d'interrompre la passation démocratique du pouvoir après les élections de 2020 aux Etats-Unis.

 Dans un sondage réalisé en 2023 par l'Associated Press en partenariat avec l'Université de Chicago, seuls 10 % des personnes interrogées déclarent penser que la démocratie américaine fonctionne "extrêmement bien" ou "très bien".

Le Congrès américain n'inspire pas confiance

Michael Berkman, directeur de l’institut McCourtney pour la démocratie, également professeur de sciences politiques à l'Université d'État de Pennsylvanie, estime qu'actuellement, les Américains n’ont pas une confiance totale  en leurs institutions.

"Ils ont affaire à un Congrès qui ne fonctionne pas bien du tout et à des problèmes plutôt insolubles que le gouvernement n'a pas vraiment abordés, comme la violence armée et le changement climatique," précise le politologue.

En raison de leur incapacité à se choisir un leader, la majorité républicaine à la Chambre des représentants a paralysé le Congrès pendant des semaines, en octobre 2023.

Mais même sans une interruptions comme celle-ci, faire passer des lois dans les deux chambres du Congrès (la Chambre des représentants et le Sénat) reste un processus lent, en raison de divergences marquées chez les républicains et les démocrates, comme l’explique Vanessa Williamson, chercheuse principale en gouvernance au groupe de réflexion américain Brookings Institution.

"Il est extrêmement difficile, parfois impossible, de faire passer une loi même lorsque des majorités écrasantes de l'opinion publique soutiennent une mesure".

Collège électoral : gagner le vote populaire n'est pas la clé

Le système date de la Constitution de 1787, qui fixe les règles de l'élection présidentielle selon un suffrage universel indirect à un tourImage : Andrew Harnik/AP/picture alliance

En 2016, c’est Donald Trump qui a remporté la présidentielle. Pourtant, Hillary Clinton avait recueilli environ 2,9 millions de voix de plus que lui.

Ce paradoxe s’explique par le fonctionnement du collège électoral.

 Aux États-Unis, chacun des 50 États dispose d'un certain nombre d'électeurs en fonction de la taille de sa population. Le candidat qui remporte la majorité des voix des électeurs d’un État se voit crédités la totalité des votes de cet État. Voici un exemple pour mieux comprendre.

 La Californie est l'État le plus peuplé. Elle compte le plus grand nombre d'électeurs au collège électoral : 54. Le candidat qui peut obtenir le plus grand nombre de voix d’électeurs californiens recevra la totalité de ces 54 votes de grands électeurs.

 Les États plus petits comme le Vermont ou le Dakota du Sud n'ont que trois votes au collège électoral, mais le système est le même.

 Pour remporter la présidentielle, un candidat doit donc gagner suffisamment d'États pour que son collège électoral atteigne 270 grands électeurs ou plus. Un candidat peut ainsi devenir président, même si une majorité d'Américains a voté dans les faits pour le camp adverse.