La guerre déclarée à Boko Haram
18 mai 2014Depuis longtemps déjà, les exactions de la secte islamiste Boko Haram au Nigeria inquiètent la communauté internationale. On estime que le groupe, qui prêche la création d'un Etat islamique dans le nord-est du pays, a tué près de 3000 personnes au cours des cinq dernières années. Mais l'enlèvement de plus de 200 lycéennes nigérianes, il y a un mois, a suscité une nouvelle vague d'indignation à travers le monde. Les Etats-Unis et la France ont donc proposé leur aide aux autorités nigérianes pour lutter contre l'organisation.
Cinq chefs d'Etat africains invités à Paris
Le président nigérian Goodluck Jonathan était donc convié à Paris samedi par le chef de l'Etat français François Hollande. Le mini-sommet, qui avait pour objectif de trouver une stratégie commune contre Boko Haram, réunissait également des représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Union européenne, ainsi que les présidents des pays voisins du Nigeria : Cameroun, Niger, Bénin et Tchad.
« Boko Haram cessé d'être un problème uniquement nigérian, il est devenu un problème régional, sinon continental, » a souligné le président camerounais Paul Biya. « Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram, » a-t-il ajouté. Son pays a en effet déjà été frappé à plusieurs reprises par des attaques du groupe islamiste. Pas plus tard que ce week-end, dans la nuit de vendredi à samedi, Boko Haram s'en est pris à une usine chinoise dans le nord du Cameroun.
Plan d'action commun
Les participants de la réunion de Paris s'accordaient donc sur la nécessité d'une solution régionale face à la menace de Boko Haram. « Nous avons décidé un plan d'action global régional de moyen et long terme, » a déclaré François Hollande. Il a résumé ainsi les grandes lignes de ce plan : « Coordination du renseignement, échange d'informations, pilotage central des moyens, surveillance des frontières, présence militaire notamment autour du lac Tchad et capacité d'intervention dès lors qu'il y a danger. »
Un plan d'action approuvé par les chefs d'Etat africains présents. « Je voudrais remercier le président Hollande pour avoir organisé cette rencontre, » a déclaré le président tchadien Idriss Deby, « surtout à un moment où le monde entier vit une émotion profonde, une désapprobation profonde de l'enlèvement des adolescentes par des illuminés. » Idriss Deby a de nouveau souligné que l'action de Boko n'avait rien à voir avec la religion musulmane. Des propos appuyés par son homologue béninois, Yayi Boni, qui a souhaité l'organisation d'une conférence sous-régionale sur le dialogue interreligieux, « de manière à mettre fin à l'intolérance religieuse ». Mahamadou Issoufou, le chef d'Etat du Niger s'est de son côté réjoui de l'importance donnée aux mesures de développement économique et social de la région à moyen et long terme. « Comme on le sait, le principal allié du terrorisme est la pauvreté, » a-t-il rappelé. « En faisant reculer la pauvreté, nous pourrons à terme endiguer le terrorisme. » De son côté, le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé qu'il était « pleinement engagé » à retrouver les jeunes filles enlevées par Boko Haram.