La hausse des prix embrase la Tunisie
10 janvier 2018La rue tunisienne s’est enflammée ces derniers jours pour répondre au plan d’austérité entré en vigueur au 1er janvier 2018. Ce plan a été adopté par le gouvernement tunisien pour juguler la crise économique que vit le pays.
Mais la mesure, qui prévoit notamment une hausse des impôts, a entraîné l’augmentation des prix. Plus qu’une simple foudre anti-gouvernementale, ces protestations témoignent aussi de la précarité dans laquelle vivent beaucoup de Tunisiens.
"L’inflation a atteint 6.4% l’an dernier en Tunisie. Ce qui a fait chuter la valeur de la monnaie. Tous les Tunisiens en sont affectés mais les jeunes en particulier puisqu’ils n’ont aucune perspective et vivent dans des conditions sociales difficiles", explique Dr. Isabel Schäfer chercheuse au DIE, l’Institut allemand de Développement.
"Certes, ils protestent contre le gouvernement, poursuit-elle, mais ces manifestations traduisent une insatisfaction générale de la situation actuelle au regard des conditions sociales et des perspectives économiques".
Ces perspectives économiques sont plombées par la chute de la fréquentation touristique. Une baisse due en partie aux attaques terroristes qu’a essuyées le pays.
Quant à la grogne sociale, elle touche une dizaine de villes, dont Sidi Bouzid, ville défavorisée du centre du pays d'où était partie en décembre 2010 le "Printemps arabe".
A Tebourba, dans le nord, un homme de 40 ans a péri dans la nuit de mardi durant des manifestations. Ce qui a provoqué un déferlement de violences.
"Nous n'avons pas assez d'argent pour vivre"
Dans la capitale, Tunis, les manifestants ont envahi plusieurs quartiers pour crier leur colère. C’est le cas de Aicha. "Il est normal de protester parce que depuis 2011, le gouvernement n’a rien fait pour nous. Le coût de la vie est trop élevé et nous ne pouvons pas l’accepter. Les pauvres comme moi ne peuvent plus supporter cette situation car nous n’avons pas assez d'argent pour vivre", s'insurge-t-elle.
Le taux de chômage en Tunisie est de 15%. Un tiers des chômeurs sont des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. Si la loi des Finances soutenue par le gouvernement était censée répondre au marasme économique, les heurts qui en ont découlé placent Tunis devant un défi supplémentaire.