Ce 25 mai est la journée mondiale de l’Afrique. Une date qui fait référence à la naissance, le 25 mai 1963, de l’Organisation de l’unité africaine (OUA).
Publicité
C’est le 25 mai 1963, à Addis-Abeba en Ethiopie, dirigée à l’époque par l’empereur Haïlé Sélassié, qu’ont été signés les accords donnant naissance à l’Organisation de l’unité africaine OUA). devenue en 2002, Union Africaine.
Une organisation qui, pour ses fondateurs, devait être le fer de lance de la décolonisation totale du continent et de l’unité entre les 32 Etats qui venaient d’accéder à l’indépendance.
59 ans après la création de l’organisation panafricaine, si la quasi-totalité des territoires du continent ont acquis leur indépendance à l’exception du Sahara occidental, de nouveaux défis sont cependant apparus au fil des ans.
Des défis sur lesquels le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, est revenu dans un message publié à l’occasion de cette journée mondiale de l’Afrique.
Publicité
Des défis qui ont notamment pour nom : le terrorisme et l’extrémisme violent, la mauvaise gouvernance, la corruption, le chômage massif des jeunes, les conflits intercommunautaires, la crise climatique et alimentaire, les changements anticonstitutionnels.
Alors, que faire face à tous ces défis ? Moussa Faki Mahamat, en guise de réponse, évoque la réforme institutionnelle de l’Union africaine engagée depuis 2016 et dont le but est d’améliorer la gouvernance de l’institution et de faire d’elle un acteur clé sur la scène internationale.
50 ans d'unité africaine
Lors de sa création le 25 mai 1963, l'Organisation de l'Unité africaine compte parmi ses membres les 30 pays déjà indépendants du continent. Leur union vise à empêcher une division de l'Afrique en pleine Guerre froide.
Image : picture-alliance/dpa
Unis contre la division
Lors de sa création le 25 mai 1963, l'Organisation de l'Unité africaine a pour membres les 30 pays déjà indépendants du continent. Leur union politique vise à empêcher une division de l'Afrique. Car, sous l'influence des grandes puissances de la Guerre Froide, les mouvements anti-colonialistes choisissent leur camp: pour ou contre l'occident. Sur cette photo, le sommet annuel de l'OUA en 1966.
Image : AFP/Getty Images
Précurseurs du panafricanisme
Kwame Nkrumah (à g.), le premier président du Ghana, et l'empereur éthiopien Haile Selassie (milieu) font partie des pères fondateurs de l'Union africaine. Le panafricaniste Kwame Nkrumah souhaite en fait créer des "États-Unis d'Afrique" pour faire contrepoids aux forces coloniales et développer un marché commun. Mais les pays tout juste indépendants ne souhaitent pas aller aussi loin.
Image : STR/AFP/Getty Images
L'ennemi commun
Les premières années de l'OUA sont marquées avant tout par la lutte contre le gouvernement raciste et ségrégationiste de l'Afrique du Sud. Dès sa création, l'OUA met en place un comité de libération, et à partir de 1970, elle soutient la lutte armée contre le régime de l'apartheid.
Image : AP
Nouvel élan pour l'économie
Le plan d'action de Lagos, en 1980, doit donner un coup de fouet au développement économique de l'Afrique. L'accord prévoit notamment la mise en place d'un marché commun avant 2000. Mais comme nombre d'autres dispositions de l'organisation, le plan n'en reste qu'à l'étape du papier. En 1991, il est remplacé par le Traité d'Abuja, qui vise à établir une Communauté économique africaine d'ici 2025.
Image : DW/P. Hille
Politique offensive de libération
Malgré son principe de ne pas toucher au statu quo en matière de frontières, l'OUA reconnaît, en 1982, la "République arabe sahraouie démocratique" (Sahara occidental) créée par le Front Polisario. Le Maroc se retire alors de l'OUA. Il est aujourd'hui encore le seul pays d'Afrique à avoir quitté volontairement l'organisation commune.
Image : picture-alliance/dpa
Une communauté critiquée
Le Sahara occidental restera un exemple isolé de prise de position politique de l'OUA, qui pousse son principe de non-ingérence jusqu'à ne pas intervenir lors du génocide rwandais en 1994. Les intellectuels surnomment les sommets annuels d'Addis Abeba le "Club des dictateurs". L'un des rares dirigeants à critiquer cette politique est Yoweri Museveni, qui prend le pouvoir en 1986 en Ouganda.
Image : OFF/AFP/Getty Images
Militaires indésirables
Au début des années 1990, l'OUA adopte une nouvelle politique : l'Afrique veut s'engager dans la résolution de ses propres conflits. C'est le début du "mécanisme de paix" : au moment du putsch militaire au Burundi, en 1996, l'OUA réagit en décrétant des sanctions. Mais le mécanisme restera globalement faible, en partie pour des raisons financières.
Image : ALEXANDER JOE/AFP/Getty Images
Le géant sud-africain
L'entrée de l'Afrique du Sud, en 1994, est l'un des grands moments de l'histoire de l'OUA, 30 ans après sa création. Aujourd'hui, le pays joue un rôle important à Addis Abeba – et même trop important pour certains.
Image : picture alliance/landov
Début d'une nouvelle ère
Avec la fin de la Guerre Froide et la fin du régime de l'apartheid en Afrique du Sud, l'OUA cherche, à partir de 1999, à se redéfinir. Le chef d'État libyen Mouammar Kadhafi (ici lors d'un sommet en 2007) lui donne l'occasion de redonner vie à l'idée des "États-Unis d'Afrique". Il y met les moyens financiers en payant même les cotisations de nombreux autres États.
Image : picture-alliance/ dpa
L'OUA devient l'UA
Mais Mouammar Kadhafi n'arrive pas à s'imposer. Au contraire, son plan divise l'organisation en deux camps, après sa transformation en Union africaine en 2002, à Durban. Le traité fondateur de l'Union africaine se donne pour principe le renoncement à la politique de non-ingérence.
Image : ALEXANDER JOE/AFP/Getty Images
Institution impuissante
Au moment de sa création, l'UA cale sa structure sur celle de l'Union européenne et prévoit également un parlement panafricain. L'organe se réunit pour la première fois en 2004, avec 235 représentants de 47 pays. Son siège est situé dans la ville sud-africaine de Midrand. La distance géographique par rapport au siège de l'UA à Addis Abeba symbolise le peu d'influence politique de cet organe.
Image : F. Moalusi/AFP/Getty Images
Engagement pour la paix
Au début du 21ème siècle, 20% des Africains sont touchés directement ou indirectement par des conflits. Le travail pour la paix se retrouve donc au centre des préoccupations de l'UA. En 2004, elle instaure un Conseil de Paix et de Sécurité autorisé à ordonner des interventions militaires. La même année, l'UA envoie des troupes pour protéger la population dans la région soudanaise du Darfour.
Image : picture-alliance/AP
Première femme au sommet
En 2012, Nkosazana Dlamini-Zuma devient la première femme à accéder au plus haut poste de l'Union africaine. L'ancienne ministre sud-africaine donne un nouveau ton à l'UA, estiment des observateurs à l'issue de ses 100 premiers jours de mandat. Mais entre les stratégies de développement et la gestion des crises, les défis restent immenses pour cette organisation hétérogène constituée de 53 États.
Le président de la Commission de l’Union africaine fait également mention de la Zone de libre-échange continentale africaine, la Zlecaf, entrée en vigueur en 2021, qui fait de l’Afrique le plus grand marché commun du monde et devrait accélérer l’intégration continentale.
Face à la crise alimentaire, l’Union africaine a aussi pris une série d’initiatives dont la plus importante est le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine.
Mais Moussa Faki Mahamat le reconnaît : " les résultats dit-il, n’ont pas toujours été à la hauteur de nos ambitions. Mais nous sommes sur le bon chemin "
Enfin, un débat sur la place de l'Afrique dans le 21e siècle, sera animé ce vendredi à Genève, sur le thème de "l'Afrique dans la géopolitique internationale : souveraineté et démocratie."