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La journée "Portes ouvertes" qui fait douter les Tchadiens

15 décembre 2020

Pour l'instant, aucune date n'a été annoncée pour cette opération "portes ouvertes". Cela peut paraître étonnant mais l’Agence nationale de sécurité tchadienne (ANS), veut s’ouvrir au public.

L’Agence nationale de sécurité tchadienne a une sombre réputation
Image : Reuters/Emmanuel Braun

L’Agence nationale de sécurité tchadienne a une sombre réputation et alors qu’il est préférable de ne jamais en franchir les portes, voici que cette institution très secrète veut les ouvrir justement pour mieux se faire connaître.

Cela peut paraître étonnant mais l’Agence nationale de sécurité tchadienne (ANS), une institution par définition secrète, veut s’ouvrir au public.

Image : MIGUEL MEDINA/AFP/Getty Images

Souvent accusée d’enlèvements arbitraires ou de tortures, l’ANS fait peur à la population tchadienne.

Djidda Oumar Mahamat, le président de la Commission nationale des droits de l’homme du Tchad, dont une délégation a récemment visité les sites de détention de l’ANS, voit plutôt d’un bon œil l’organisation d’une journée portes ouvertes.

"Si elle doit avoir lieu, elle ne pourrait concerner qu’une catégorie de personnes. Par exemple, les associations de défense des droits de l’homme, la presse, les diplomates. Cela va permettre de communiquer avec la population. Nous sommes marqués par la gestion de notre pays entre 1982 et 1990. Car le régime précédent d’Hissène Habré a torturé la population donc des séquelles sont restées dans les têtes. Peut-être que si l’ANS communique plus avec la population, cela pourra permettre à celle-ci de lui faire confiance."

Les Tchadiens craignent toujours l'ANS

Une confiance que le journaliste Daniel Ngadjadoum n’est pas prêt à accorder à l'ANS. Celui-ci a en effet été interpellé en 2017 puis incarcéré. Il affirme avoir été torturé dans les locaux de l’Agence.

"Ce service de renseignement s’est illustré pendant des années par sa brutalité" (Sosthène Mbernodji)

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"Je sortais de l’église avec ma bible en main, on m’a pris, on m’a emmené pour me torturer. Les journées portes ouvertes ne changerons rien. Tout cela c’est pour se donner bonne presse au niveau des institutions internationales, c’est tout".

Un scepticisme que partage Sosthène Mbernodji. Il est le coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés au Tchad.

"Ce service de renseignement s’est illustré pendant des années par sa brutalité. A arrêter, à intimider, à rançonner les gens. Je pense qu’il va falloir se débarrasser de tous ceux qui travaillent dans cette institution. Cette journée "portes ouvertes" c’est de la poudre aux yeux, cela ne servira à rien".

Créée en 1993, cette agence a été restructurée en 2017 avec pour mission officielle de protéger les personnes et les biens ainsi qu’assurer la sécurité des institutions de la République.