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La justice s'oppose à l'extradition de Julian Assange

Avec agences | Marco Wolter
4 janvier 2021

Par peur qu'il se suicide, la justice britannique rejette la demande d'extradition du fondateur de Wikileaks vers les Etats-Unis.

Julian Assange
Image : Matt Dunham/AP/picture alliance

"Je demande que Julian Paul Assange soit déchargé de la demande d'extradition", conclut dans son verdict Vanessa Baraitser. La juge britannique a estimé que la fragilité mentale du fondateur de Wikileaks ne permettait pas de l'envoyer dans une prison de haute sécurité aux Etats-Unis.

Selon plusieurs experts médicaux entendus par la justice, l'Australien de 49 ans souffre de dépression sévère et aurait même déjà planifié son suicide en prison.

Aux Etats-Unis, Julian Assange fait face à une vingtaine de chefs d'accusation et encourt jusqu'à 175 ans de prison. Le fondateur de Wikileaks y est notamment accusé de piratage informatique et d'avoir mis en danger des informateurs de l'armée américaine lors des activités de l'organisation à partir de 2010. A cette époque, Wikileaks avait commencé à publier en partenariat avec une série de médias prestigieux à travers le monde des centaines de milliers de documents secrets, dont des télégrammes diplomatiques et des documents militaires.

Julian Assange, pendant le verdict à la cour criminelle de Old BaileyImage : Elizabeth Cook/AP Photo/picture alliance

Ces révélations avaient jeté une lumière crue sur les opérations de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan, sur les conditions de détention à la prison de Guantanamo mais aussi mis au grand jour des pratiques d'espionnage entre les Etats-Unis et ses alliés.

Pression américaine

Depuis, l'administration Trump réclame que Julian Assange - pendant de longues années réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres avant d'être arrêté en 2019 - réponde de ses actes. Le futur locataire de la Maison Blanche, Joe Biden, pourrait maintenir ce cap, lui qui avait qualifié Julian Assange de "terroriste high tech".

Les supporters de Julian Assange célèbrent le verdict devant le tribunal à LondresImage : Henry Nicholls/REUTERS

Les Etats-Unis ont en tous cas déjà notifié le tribunal de leur intention de faire appel. 

En attendant la suite, les supporters de Julian Assange célèbrent une victoire pour la liberté d'informer. Ils étaient quelques dizaines à applaudir le verdict devant la Cour criminelle de l'Old Bailey de Londres.

Liberté d'informer

Sur son compte twitter, le patron de Reporter sans frontières Christophe Deloire a déclaré que "peu importe les arguments officiels, la décision de ne pas extrader Assange est historique pour le droit à l'information."

Également sur Twitter, Edward Snowden, l'autre grande figure parmi les lanceurs a dit espérer que cette décision marquera "la fin" des poursuites visant le fondateur de Wikileaks.

Reste qu'en effet la santé mentale de Julian Assange aura été le seul argument retenu par la juge pour motiver sa décision. Sur le fond de l'affaire, elle a rejeté l'idée qu'une extradition serait contraire au respect de la liberté d'informer.

La juge britannique a aussi balayé les arguments de la défense dénonçant une procédure "politique" fondée sur des "mensonges", en estimant qu'il n'existait pas de preuves d'une hostilité particulière du président américain envers Julian Assange ou Wikileaks.

La prochaine étape est fixée à mercredi (06.01), lorsque la justice britannique se prononcera sur une éventuelle remise en liberté de l'Australien qui reste pour le moment en détention.