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La marche pacifique dispersée dans la violence à N'Djamena

Blaise Dariustone
25 janvier 2018

Les forces de l'ordre tchadiennes tabassent des manifestants contre la vie chère.

Tschad Demonstration in N'Djaména
Tout avait commencé pacifiquement...Image : DW/Blaise Dariustone

Tschad Unruhen 18h - MP3-Stereo

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Très tôt ce matin, les éléments de la police nationale équipés de canons à eau et de chiens policiers, mais aussi la gendarmerie et la garde nomade et nationale du Tchad se sont déployés aux différents ronds-points de la capitale. D’autres sillonnaient les quartiers pour disperser toute tentative de regroupement à l’aide de gaz lacrymogène et de coups de matraque.


"Ils nous ont roués de coups"

Lors d’un rassemblement dans le 7e arrondissement de N'Djamena, Dingamnayel Nelly Versinis, président du Collectif tchadien contre la vie chère et l’un des organisateurs de cette marche, a été arrêté chez lui. Versinis sera relâché deux heures plus tard après avoir été frappé par la police. Il témoigne au micro de la DW : "Ils se sont introduits dans la chambre de ma femme pour me faire sortir. Ils se sont mis à me rouer de coups. Ils m’ont pris comme un sac de mil pour me jeter dans leur véhicule en me tabassant avec des gourdins."

Dingamnayel Nelly Versinis, président du Collectif tchadien contre la vie chère, malmené par les forces de l'ordreImage : DW/Blaise Dariustone

Des menaces non-voilées

Dingamnayel Nelly Versinis poursuit : "Trente minutes après, ils nous ont pris avec un jeune garçon pour nous conduire à la coordination de la police judiciaire où se trouvaient le directeur général de la police nationale, le procureur de la République, bref tout un staff. Le directeur général de la police m’a dit qu’ils allaient  me libérer mais que, si je menais encore des actions, ils allaient m’envoyer à Korotoro, la prison sous haute surveillance."

 

Des matraques et des gourdins

Taryom Demba, militante de l’Union des syndicats du Tchad (UST)  qui s’est jointe à ce groupe a été elle aussi rouée de coups. Elle raconte: que des policiers dans un véhicule sont arrivés vers elle et son groupe pour leur demander ce qu'ils étaient en train de faire. Lorsque les manifestants leur ont répondu qu'ils étaient "en train de marcher", "ils sont descendus et on commencé à nous rouer de coups avec des câbles électriques et des gourdins. J’ai reçu beaucoup de coups au niveau du dos et surtout à l’avant bras qui est actuellement enflé. On a été obligé de se disperser dans le quartier."

Des blessés percutés par un véhicule de l'ANS


Dans la commune du 4e et 5e arrondissement, des militants de Mahamat Nour Ahmat Ibedou, de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme, la CTDDH, le principal cerveau de ce mouvement, ont aussi été dispersés au gaz. Hagare Mahamat Abdelkerim, membre de la CTDDH, dit que la mobilisation a été forte "surtout dans le quartier Andajaré et Amringuébé". Mais là aussi, les forces de l'ordre ont arrêté quatre membres du mouvement et "il y a eu aussi deux blessés graves percutés par un véhicule de l’Agence nationale de sécurité (ANS)."

Contacté, le porte-parole a indiqué que deux personnes seulement, parmi lesquels Dingamnayel Nelly Versinis, ont été interpellées ce matin, mais que toutes ont été libérées. 

A la veille de cette marche, internet a été coupé à minuit et rétabli plus tard, vers 11 heures du matin. Les établissements scolaires sont restés fermés et plusieurs boutiques n’ont pas ouvert leurs portes. 
 

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