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La mort d'Idriss Déby inquiète les pays voisins

20 avril 2021

Réaction en Centrafrique et au Mali, deux pays avec lesquels le Tchad entretient des relations étroites.

Le président tchadien était très impliqué dans la lutte anti-djihadiste au Sahel
Le président tchadien était très impliqué dans la lutte anti-djihadiste au SahelImage : DW/F. Tiassou

La mort du président tchadien a un impact particulier en Centrafrique où Idriss Déby Itno était très impliqué dans la résolution de la crise qui agite actuellement ce pays.

Idriss Déby Itno s'est impliqué dans la résolution des crises en Centrafrique, ici en 2014 avec Michel Djotodia lors d'un sommet de la CEAAC consacré aux violences entre communautésImage : Brahim Adji/AFP/Getty Images

Le président tchadien soutenait ainsi le dialogue avec François Bozizé, qui a rejoint la rébellion, ce qui ne plaisait pas au pouvoir actuel à Bangui. Hasard du calendrier, Idriss Déby Itno aurait dû d'ailleurs être mardi (20.04.2021) à Luanda pour discuter de la crise centrafricaine.

"Le président Idriss Déby est le président d'un pays voisin, le Tchad, mais aussi un président d'un pays membre et de la Cémac et de la CEEAC, des organisations auxquelles notre pays appartient, nous ne pouvons que déplorer sa mort tragique", a réagi Maxime Kazaguy, porte-parole du gouvernement centrafricain.

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Inquiétudes à Bangui

A Bangui, la capitale, la nouvelle s'est très vite répandue et les Centrafricains s'inquiètent des conséquences de cette mort pour leur pays.

"Aujourd'hui, nous voulons que le Tchad puisse se stabiliser, pour que la région puisse se stabiliser parce que Idriss Déby de son vivant, il a bâti son pays, il a construit une armée forte", témoigne un habitant.

Un autre estime que "les soldats tchadiens et mercenaires tchadiens sont responsables de la souffrance du peuple centrafricain". Il appelle les autorités centrafricaines à sécuriser les frontières.

"Pour se protéger, il faut s'entendre avec ses voisins", estime encore un Banguissois. Le Tchad étant un pays voisin, "s'il y a un problème chez le voisin, il faut faire très attention pour prévenir l'avenir, prévenir un danger sur notre territoire, en République centrafricaine".

Le Mali perd "un grand ami"

Le président Déby était notamment venu à Bamako dès l'élection du président malien Ibrahim Boubacar Keïta en 2013Image : Reuters/Thierry Gouegnon

Idriss Déby Itno entretenait une relation privilégiée avec le peuple malien. Ses troupes engagées dans le pays au sein de la Minusma et des forces conjointes du G5 Sahel ont participé à de nombreuses offensives contre les groupes djihadistes.

"Idriss Déby n'a jamais hésité à apporter son soutien à chaque fois que le besoin s'est fait sentir à travers son armée professionnelle", souligne Amadou Koita, ancien porte-parole de l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta. "Nous retenons d'un homme un patriote, un militaire dans l'âme, qui s'est battu pour son pays, pour la stabilité du Tchad."

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"Bien évidemment que l'on ne peut pas se réjouir de la mort d'un chef d'État de la trempe d'Idriss Déby, mais il est clair et net que la règle qui indique que celui qui règne par l'épée périra par l'épée s'applique à Idriss Déby", estime quant à lui l'ancien ministre malien Mamadou Ismaïla Konaté.

Selon lui, le président tchadien lui-même "n'avait pas exclu que pour arriver à le renverser, il fallait marcher sur son cadavre (...) Comme tous les chefs d'Etat autoritaires, autocrates et dictateurs, il ouvre le chemin de la violence, de la terreur en se fermant le cadre de la démocratie."

Inquiétudes sur la sécurité de la sous-région

"La mort d'Idriss Déby n'est pas sans incidence sur la question sécuritaire au Sahel"

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Mamadou Ismaïla Konaté pense que le moment est venu pour l'Afrique de poser de vraies questions. "En plus de la question de sécurité, il y a l'accès au pouvoir, la sortie du pouvoir, se maintenir au pouvoir, gérer le pouvoir, faire fonctionner le pouvoir", autant d'étapes qui ne peuvent se faire qu'avec le peuple dans un contexte de démocratie, dans un cadre institutionnel défini dans un contexte de paix.

"Cela vaut pour le Tchad, mais aussi pour l'ensemble des États africains", ajoute-t-il, regrettant que "les chefs, sous le couvert d'élections fraudées, s'installent au pouvoir, prennent le contrôle de l'Etat, s'installent avec les affidés à la tête des institutions pour jouer une illusion de démocratie qui n'en est pas. Ils ouvrent des segments de violence qui sont insupportables aujourd'hui pour nos Etats et pour nos démocraties balbutiantes."

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Le ministre s'inquiète en outre des conséquences de la mort du président tchadien sur la sécurité au Sahel.

"Le Sahel, c'est aussi le G5, avec une forte présence de l'armée tchadienne de près de 2500 hommes sur le territoire du Mali et ailleurs, qui occupent aujourd'hui des espaces territoriaux assez importants et jouent un rôle assez efficace aujourd'hui dans la sécurité de la zone Sahel", rappelle l'ancien ministre de la Justice du Mali.