La mort mystérieuse du général Delphin Kahimbi en RDC
9 mars 2020À la famille qui avait évoqué la thèse de la mort par arrêt cardiaque, le président Félix Tshisekedi a indiqué que l’homme était mort à la suite d’une pendaison. Cette affirmation se baserait sur les premiers éléments d’une enquête diligentée par la justice. Ces deux versions contradictoires imposent une enquête indépendante selon Jean-Claude Katende, président de l'Association africaine des droits de l'Homme (ASADHO). "Et les autorités, et la justice, et le peuple congolais, on a tous besoin de savoir ce qui s’est passé. C’est en connaissant les vraies causes de sa mort qu’on saura s’il y a des gens qui voulaient sa disparition. Mais avec le rôle qu’il a joué dans la répression des manifestations pacifiques à Kinshasa et le rôle qu’il a joué dans l’Est du pays, nous estimons qu’il y a des gens qui avaient intérêt à ce qu’il disparaisse", dit l'activiste des droits de l'homme.
Déception des victimes
La "Voix des Sans-Voix", autre organisation congolaise de droits de l’homme, regrette elle aussi la disparition du général Delphin Kahimbi. Rostin Manketa, directeur exécutif de l'ONG, insiste sur les comptes que devaient rendre le général. Pour lui, "le général Delphin a été sanctionné par l’UE et il devrait répondre de tout ce que la RDC a connu en termes de violations des droits de l’homme, en termes d’entraves au processus électoral. Il a géré les renseignements militaires et des personnes ont été arrêtées arbitrairement et détenues et des victimes vont regretter cette mort car elles attendaient qu’il réponde de ses actes."
Le FCC de Kabila accuse
Soupçonné de tentative de déstabilisation et d'avoir mis en place un système d'écoute des autorités, le général Major Delphin Kahimbi avait été convoqué à plusieurs reprises ces dernières semaines par le Conseil national de sécurité pour répondre de ces accusations.
Au sein du Front Commun pour le Congo, le FCC de Joseph Kabila, certains n’hésitent pas à pointer un doigt accusateur vers des militaires proches du chef de l’État. Pour eux, le général Kahimbi était devenu très encombrant pour le nouveau pouvoir.
Depuis 2013, le général Major Delphin Kahimbi avait en main les services de renseignements militaires. Ce qui lui a valu d’être sur la liste des personnalités sanctionnées par l’Union européenne pour entrave au processus démocratique. Juste avant sa mort, les États-Unis avaient salué sa destitution.