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La perpétuité pour le meurtre d'un élu allemand pro-réfugiés

28 janvier 2021

Stephan Ernst, un néonazi, écope de la perpétuité pour le meurtre de Walter Lübcke, un élu régional allemand. Le procès questionne sur la capacité des autorités à traquer l'extrême droite.

Selon son avocat, Stephan Ernst a présenté ses excuses à la famille de la victime disant viser un objectif politique
L'accusé Stephan Ernst avant le prononcé du verdict Image : Kai Pfaffenbach/Pool/REUTERS

Le tribunal de Francfort a reconnu Stephan Ernst, 47 ans, coupable du meurtre en 2019 de Walter Lübcke, un ex-membre du parti de l'Union chrétienne démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel et député de la région de Hesse (Centre) au moment des faits.

Ce verdict met un terme au premier procès conduit en Allemagne depuis les années 1970 à la suite de l'assassinat d'un homme politique. L'accusé est condamné à la prison à vie.

Circonstances aggravantes

Les juges du tribunal de Francfort en charge du procès contre Stephan ErnstImage : Kai Pfaffenbach/Pool/AFP

Le juge, Thomas Sagebiel, a aussi reconnu la "gravité particulière" de l'acte commis, ce qui signifie pour Stephan Ernst une peine incompressible plus longue avant de pouvoir éventuellement bénéficier d'une libération conditionnelle.

En Allemagne, cette période dure au minimum 15 ans mais dans un cas comme celui de Stephan Ernst, elle peut s'étendre jusqu'à 22 ans au moins.

"Nous savons que nous pouvons difficilement mesurer votre perte et que le procès a été très douloureux pour vous. Notre tâche consistait à mener une procédure équitable et à juger sans tenir compte des intérêts personnels", a ajouté le juge à l'intention de la famille de l'élu qui était présente dans la salle d'audience ce jeudi (28.01.2021).

Dirk Metz, le porte-parole de la famille Lübcke, a réagit au verdict en ces termes :

"La famille est contente, bien sûr, que le procès se termine par ce verdict. La tension a été phénoménale ces derniers jours. Avec ce procès, la famille n'a pas seulement voulu savoir ce qui s'était réellement passé durant la nuit du crime, elle voulait aussi que cela crée un précédent contre la haine et la violence." 
 

Lire aussi → L'attentat de Hanau révèle la banalisation de la xénophobie en Allemagne

Dans la nuit du 2 juin 2019, Walter Lübcke, âgé de 65 ans, fume une cigarette sur la terrasse de sa maison à Cassel lorsqu'il est tué d'une balle dans la tête tirée presque à bout portant par Stephan Ernst qui est interpellé après deux semaines d'enquête.

Il accuse aussi un complice présumé, Markus Hartmann, également jugé dans ce procès qui a débuté le 16 juin. Celui-ci a finalement écopé d'une peine d'un an et six mois avec sursis pour possession prohibée d'armes.

Des failles reprochées aux services secrets

Walter Lübcke s'est engagé en faveur de l'accueil des réfugiés syriens Image : Uwe Zucchi/Ihe/dpa/picture alliance

Ce meurtre a attiré l'attention sur le danger potentiel du néonazisme en Allemagne et aussi mis en lumière l'incapacité des services de renseignements à surveiller l'extrémisme de droite.

L'homme politique Walter Lübcke est devenu une cible de l'extrême droite après un discours en 2015, dans lequel il défendait l'idée d'ouvrir les frontières aux réfugiés fuyant la guerre en Syrie.

Or, malgré les menaces dont il était l'objet, et cela est ressorti dans les témoignages de sa famille durant le procès, le politicien a été laissé sans protection par les services de renseignement.

Le verdict a permis aux mouvements anti-racistes et aux initiatives prodémocratie de se retrouver à l'extérieur du tribunal, tenant des banderoles sur lesquelles il y avait des messages de soutien aux valeurs démocratiques dont ces manifestants affirment que l'homme politique tué était un défenseur.

Le meurtre de Lübcke a également mis en lumière le danger croissant auquel sont confrontés les politiciens locaux en Allemagne. Beaucoup ont établi des parallèles avec l'attaque au couteau d'un extrémiste d'extrême droite à laquelle la maire de Cologne, Henriette Reker, n'a survécu que de peu en 2015.

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