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Littérature

La presse allemande rend hommage à Toni Morrison

7 août 2019

Toni Morrison, la seule auteure afro-américaine à avoir reçu le prix Nobel de littérature, est décédée à l'âge de 88 ans.

Literaturnobelpreisträgerin Toni Morrison ist tot
Image : Getty Images/AFP/P. Kovarik

"Ce n'est pas une auteure noire qui écrivait sur les noirs pour un public noir. C'est une exploratrice de l'âme et une défenseuse des droits de l'homme qui écrivait sur la souffrance humaine et la grandeur qu'il y a à ne pas y succomber."  Voilà comment la Süddeutsche Zeitung décrit Toni Morrison, elle qui occupait le devant de la scène littéraire américaine depuis presque un demi-siècle.

"En tant qu'auteure mais aussi en tant qu'instance morale, poursuit le journal.  Avec ses dreadlocks grisonnantes, ses écharpes colorées et son aura d'une sagesse qui forçait le respect, elle était devenue une incontournable des Talkshows et des débats politiques. Le président Barack Obama avait dit de Toni Morrison qu'elle était son héroïne."

La SZ termine son portrait sur cette citation de Morrison : "les livres ont une responsabilité éthique."

"La conscience de l'Amérique"

Les dreadlocks grisonnantes sont aussi à la Une de la Tageszeitung qui lui consacre même sa couverture avec ce titre : "Une enfant de l'humanité". 

Le journal rappelle ce qu'écrivait sa propre correspondante aux Etats-Unis en 1993, alors que Toni Morrison venait de recevoir le prix Nobel de Littérature : "Ce n'est pas tous les jours que ce pays se retrouve forcé à être fier d'une femme noire et auteure."

1993, Toni Morrison reçoit le Nobel de littératureImage : picture-alliance/AP Photo

Pour le quotidien, "chaque roman saisissait les contrastes des personnages. Ce qu'ils avaient subi les avait rendus cruels. Toni Morrison parlait d'esclaves et d'esclavagistes, d'esclaves libérés et d'enfants vendus, de femmes qui ne veulent pas laisser vivre leurs enfants dans le monde tel qu'il est, de jeunes citadins et musiciens, et chaque personnage était toujours très loin du cliché."

Enfin, pour la Frankfurter Allgmeine Zeitung, Toni Morrison était "la conscience de l'Amérique". Elle a "marqué l'identité noire et poussé le blancs à devoir s'expliquer."

Pour le quotidien, "les nouvelles nous apprennent quasiment tous les jours que la discrimination n'est pas en voie d'extinction."

Alors l'art, la littérature, l'écriture sont d'autant plus importants car ils permettent de "dépasser et de traduire en réflexion plus poussée la brièveté des journaux télévisés".

El Paso, un acte terroriste ?

Le tireur d'El Paso avait laissé un manifeste dans lequel il exprimait sa haine des latinosImage : Getty Images/M. Tama

Le traitement médiatique de l'information nous conduit à un autre débat abordé par la Frankfurter Rundschau, qui se demande pourquoi les médias ne traitent pas d'acte terroriste la tuerie d'El Paso au Texas, où un jeune Américain a abattu 22 personnes pour exprimer sa haine des latinos et en prônant le suprématisme blanc.

"Le terrorisme d'extrême-droite est rarement nommé ainsi", estime le quotidien qui note que les médias ont préféré parler de "tuerie de masse", de "bain de sang" et de "fusillade" et d'attaque "xénophobe".

"Evidemment, tous ces qualificatifs sont justes", concède la Rundschau, mais "ce qui est finalement important est la catégorisation politique".

Pourquoi ne pas parler de terrorisme quand dans des cas d'attaque islamiste radicale "la deuxième dépêche d'agence de presse évoque déjà un 'possible acte terroriste islamiste' ou quand lors du G20 ce sont des 'terroristes de gauche' qui étaient à l'œuvre."