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L'Agence européenne des médicaments sous pression allemande

15 décembre 2020

L’attente avant l’approbation du vaccin au sein de l’Union européenne, alors que la situation sanitaire s’aggrave en Allemagne, crée des frustrations à Berlin. L'Allemagne montre des signes d'irritation.

Le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn aurait déjà pu approuver par ordonnance le vaccin en Allemagne
Image : Daniel Karmann/dpa/picture alliance

Berlin demande que celle-ci autorise le vaccin Pfizer/BioNTech contre la Covid-19 à partir du 23 décembre.

Mais aux dernières nouvelles, l'Agence européenne des médicaments (AEM) a annoncé se réunir le 21 décembre prochain afin de se pencher sur le sort du vaccin Pfizer-BioNTech. C’est ce qu‘a annoncé l'AEM dans un communiqué, ce mardi.

"L'objectif est de parvenir à une autorisation avant Noël, nous voulons commencer la vaccination avant la fin de l'année", a affirmé un peu plus tôt, le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, lors d'un point de presse à Berlin.

Le Royaume-Uni administre déjà le vaccin de l'alliance Pfizer/BioNTech depuis une semaine, l'Irlande aussi.

Depuis lundi (14.12.2020) les Etats-Unis et le Canada ont également entamé leur campagne de vaccination contre la Covid-19. L’Arabie Saoudite a annoncé aujourd’hui qu’elle allait faire de même.

En Europe, où on attend encore le feu vert de l'Agence européenne des médicaments, l'Allemagne montre des signes d'irritation.

Impatience de Berlin

Image : Dado Ruvic/REUTERS

Les autorités allemandes ne comprennent pas le temps pris par l’agence pour approuver le vaccin contre la Covid-19.

Celle-ci s'est donnée jusqu'au 29 décembre pour rendre sa décision. Or, entre-temps, plusieurs pays ont déjà approuvé le vaccin germano-américain et commencé leur campagne de vaccination.

Le mécontentement s’accroit donc en Allemagne face au délai pris par les autorités européennes.

L'irritation est d'autant plus grande que le vaccin a été développé par une entreprise nationale et que l'Allemagne est durement affectée par la deuxième vague de la pandémie, alors qu'elle avait été relativement épargnée par la première au printemps.

Le chef du parti conservateur régional (CSU), membre de la coalition gouvernementale, Alexander Dobrindt, a de nouveau appelé le ministre de la Santé Jens Spahn à faire pression sur l’agence européenne.

"Il n'est pas concevable qu'il faille attendre janvier pour avoir l’autorisation d'un vaccin conçu en Allemagne et pouvoir commencer à vacciner", a déploré le parti libéral FDP, membre de l'opposition.

L'association allemande des hôpitaux s'inquiète aussi du temps pris par l'AEM pour valider le vaccin.

Les autorités allemandes ont annoncé être prêtes à lancer une campagne de vaccination d‘envergure qui doit débuter par les personnels soignants et les groupes de population les plus à risque.

Image : Irene Anastassopoulou/DW

Selon la presse allemande, les services de la chancelière ont fait pression en coulisse sur l'AEM et l'Union européenne pour accélérer le processus d'autorisation et avoir une décision d'ici au 23 décembre, et non d'ici au 29.

L’agence, basée au Pays-Bas, délibère actuellement sur la délivrance d'autorisations pour plusieurs vaccins contre la Covid-19. Elle a été la cible la semaine dernière d'une cyberattaque au cours de laquelle des documents liés à Pfizer et BioNTech ont été piratés.

La procédure européenne

Pourquoi est-il déjà possible de vacciner au Royaume-Uni et aux Etats-Unis mais pas pour l’instant au sein de l’Union européenne ?

La différence est d'ordre technique et procédurale : aux Etats-Unis, au Canada tout comme au Royaume-Uni, des « approbations d'urgence » sont permises et ont été délivrées.

L'autorité compétente en la matière en Europe, l’AEM, ne possède pas cette compétence de statuer en urgence. Elle ne peut donc que permettre ou non l’usage d’un vaccin ou d’un médicament, d’où le respect de certains délais et procédures.

Le ministre allemand de la Santé aurait déjà pu approuver par ordonnance le vaccin en Allemagne, tout comme son homologue au Royaume-Uni. Mais le gouvernement fédéral a voulu laisser cette primauté à l'AEM pour ne pas faire cavalier seul.