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Appel contre l'acquittement de Gbagbo et Blé Goudé à la CPI

17 septembre 2019

Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale, a fait appel de l'acquittement des deux ex-responsables ivoiriens. Leurs partisans dénoncent un acharnement. Reportage à Abidjan.

Kombibild - Charles Blé Goudé und Laurent Gbagbo
Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a fait appel, lundi 17 septembre, de l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. L’ancien président ivoirien et de son co-accusé avaient été  acquittés de crimes contre l’humanité en janvier dernier par la juridiction internationale.

Les réactions à Abidjan sont mitigées. Depuis l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, leurs partisans avaient espéré, jusqu’à hier lundi, à leur mise en liberté totale.

En février, certains journaux affichaient leur joie après le verdictImage : AFP/I. Sanogo

Mais avec cette décision de la procureure de faire appel, Armand Ouégnin, président du parti EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté), très proche et fidèle de Laurent Gbagbo, se dit "profondément déçu". Mais il veut continuer d'y croire:

"Je ne vois pas quels sont les éléments qui peuvent lui permettre de faire appel. Mais comme c’est une procédure, je reste optimiste. Parce que nous savons que la vérité triomphera et le président Laurent Gbagbo et le ministre Charles Blé seront définitivement libérés. Nous avons bon espoir.’’

"Il n'y a pas de preuves"

Au siège du quotidien "Le Temps", journal proche de l’ancien président ivoirien, l’ambiance était presqu’à la désolation.  Yacouba Gbané, directeur de publication du journal, soutient que l’affaire Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé est purement politique.  

‘’ Je ne suis pas surpris de cet appel de Madame Bensouda. C’est son droit de faire appel. Elle a eu plus de huit ans, elle n’a pas envoyé les preuves. Il n’y a pas de preuves. Tout le monde le sait aujourd’hui, c’est par rapport à 2020, qu’on veut maintenir encore le président Laurent Gbagbo hors de la Côte d’ivoire.’’

Image : Reuters/E. Plevier

Joël N’Guessan, l’un des vices-présidents  du parti au pouvoir (RHDP), explique lui que la CPI est une grande juridiction internationale très crédible. Et la démarche de la procureure Fatou Bensouda  est la procédure normale.

"La CPI ne travaille pas comme dans nos juridictions bananières que nous avons dans certains de nos pays. C’est tout à fait normal que madame la procureure, qui est la personne qui accuse, fasse appel. Ça fait partie des étapes. Donc franchement je ne suis pas surpris. Bien évidemment elle doit avoir des éléments de preuves supplémentaires qu’elle va pouvoir exposer lors de la procédure d’appel.’’

La procureure de la Cour pénale internationale, Fatou BensoudaImage : picture-alliance/AP Photo/P. Dejong

"La méthode Bensouda"

Le journaliste et analyste André Sylver Konan, estime pour sa part que Fatou Bensouda maintient la pression sur les deux accusés et joue avec le temps.

"Cela participe de la méthode Bensouda. C’est la méthode du suspense constant. Avec elle, il faut s’attendre à des rebondissements mais au dernier moment. Elle joue sur le temps.  Ça peut paraître un peu cynique quand même pour les concernés, et n’empêche, elle est dans son droit le plus absolu. Et donc c’est une décision normale.’’

Laurent Gbagbo et Blé Goudé étaient jugés pour des crimes commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois. Avec cette décision de la procureure Bensouda, Laurent Gbagbo va encore rester en résidence surveillée à Bruxelles et Charles Blé Goudé dans les conditions similaires à la Haye.  

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