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La route vers la paix dans l'est de la RDC est encore longue

14 juillet 2025

Alors que les négociations entre le gouvernement congolais et la rébellion de l'AFC-M23 se poursuivent à Doha, au Qatar, les Congolais restent sceptiques.

Une rue déserte à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo
Le M23 s'est emparé de vastes territoires dans la région frontalière du Rwanda, après une offensive éclair qui a conduit à la chute en janvier-février de Goma et de Bukavu.Image : Janvier Barhahiga/AP/picture alliance

Cela fait trois ans déjà que les habitants des zones sous contrôle rebelle, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, vivent dans une souffrance indescriptible. Ils en ont plus qu'assez et attendent donc que ces pourparlers mènent à une cessation des hostilités. 

"Les gens ne vivent plus comme des humains", dénonce Nene Bintu Iragi, présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu. "Il y a les tueries qui continuent, il y a beaucoup de violations des droits humains. C'est très inquiétant. Nous assistons à un déploiement massif des militaires de l'AFC-M23, mais aussi du côté du gouvernement, des éléments des FARDC. Les gens ne peuvent plus continuer à négocier et à déployer des troupes sur terrain".

Les exigences de Kinshasa 

Selon une source proche des négociations à Doha, l'AFC-M23 exige notamment de Kinshasa l'abrogation des mesures de restriction prises à son encontre, l'annulation des condamnations, des poursuites et d'autres décisions judiciaires contre ses cadres, la libération immédiate des personnes arrêtées sous accusations d'être en intelligence avec l'AFC-M23, la fin et la sanction pénale des discours de haine et la signature d'un accord bilatéral de cessez-le-feu.

"Les gens ne peuvent plus continuer à négocier et à déployer des troupes sur le terrain" (Nene Bintu Iragi)

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Nous avons tenté, en vain, de joindre le gouvernement pour une réaction. Mais à l'Union pour la démocratie et le progrès social, l'UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi, on s'attend à la signature rapide d'un accord pour soulager les populations meurtries à l'Est du pays. 

"C'est depuis plus de trois décennies que la partie Est est victime de massacres, de viols, de déplacements massifs", rappelle Christian Lumu Lukusa, cadre de l'UDPS. "Le plus important c'est la détermination de chaque partie d'œuvrer pour une paix durable parce que notre peuple a beaucoup souffert. Il est temps que nous mettions un point à sa souffrance".

Objectif : une paix durable

Ce dont les populations de l'est de la RDC ont vraiment besoin, c'est justement la paix. Mais certains analystes expriment encore des doutes quant aux négociations de Doha de mener réellement à une paix durable. Fred Bauma, directeur exécutif d'Ebuteli, l'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence : 

"Les deux parties, surtout le M23, mais aussi le gouvernement congolais dans une certaine mesure, ont des préalables qui sont très difficiles à rencontrer. Je pense que tout ça aussi dépendra du poids des facilitateurs et des autres acteurs impliqués, y compris les États-Unis. Est-ce que tout ce qui est signé peut être mis en œuvre ? Là je pense qu'il y en a beaucoup qui doutent. Mais ce que la population veut à la fin c'est la paix et on n'est pas encore là".

Les ministres de l'Intérieur congolais et rwandais sont également à Doha. Les discussions constituent une étape importante dans la suite de l'accord de paix que la RDC et le Rwanda ont signé le 27 juin dernier à Washington, aux États-Unis.

 

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