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La rue maintient la pression sur Ibrahim Boubacar Keïta

Mahamadou Kane
19 juin 2020

Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont encore allées manifester à Bamako, refusant la main tendue du président malien.

La place de l'Indépendance à Bamako, lieu de rassemblent du Mouvement du 5 juin
La place de l'Indépendance à Bamako, lieu de rassemblent du Mouvement du 5 juinImage : Konrad Adenauer Stiftung/Thomas Schiller

C'est une véritable démonstration de force. Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées ce vendredi (19.06.20) dans le centre de la capitale malienne pour réclamer le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

C'est la preuve que le mouvement avec à sa tête l’imam Mahmoud Dicko, du Front pour la sauvegarde de la démocratie, regroupant des partis d’opposition, et Espoir Mali Koura, un mouvement de la société civile dirigé par le cinéaste et ancien ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko ne faiblit pas pour le moment.

Une première manifestation s'était déroulée le 5 juin dernier, donnant ainsi son nom à la contestation : "Mouvement du 5 juin - Rassemblement des Forces Patriotiques".

Le réseau internet était perturbé ce vendredi. La DW a néanmoins pu joindre le correspondant à Bamako. Selon Mahamadou Kane, "les revendications sont intactes, les manifestants veulent toujours la démission du président".

200.000 ou 20.000

Le Mouvement du 5 juin a ainsi rejeté la proposition d'IBK de former un gouvernement d'union nationale.

Concernant la participation au rassemblement, un organisateur a évoqué le nombre de "200.000 personnes", alors qu'un pompier parlait de "au moins 20.000" personnes réunies sur la place de l'Indépendance à Bamako.

Ecoutez les explications de notre correspondant à Bamako

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Selon une déclaration lue lors de la manifestation, explique notre correspondant, "des émissaires auraient été dépêchés par le Mouvement du 5 juin pour prendre la direction du Palais présidentiel et aller récupérer la démission du président".

Les responsables du mouvement ont également expliqué qu'à partir de cet instant, "ce sera la désobéissance civile et que la mobilisation sera maintenue sur la place de l'Indépendance jusqu'à la démission d'IBK".

Ce mouvement exprime l'exaspération nourrie par une série d'impasses dans lesquelles se trouve le Mali : les attaques djihadistes incessantes, les violences intercommunautaires, l'apparente impuissance de l'Etat à y faire face, le marasme économique, la crise des services publics et de l'école ou encore la perception d'une corruption répandue. Les irrégularités dénoncées lors des récentes élections législatives auront été la goutte d'eau ayant fait déborder le vase.

"IBK dégage" est un des slogans de ce mouvement de contestationImage : Konrad Adenauer Stiftung/Thomas Schiller

Tentative de médiation

Ce jeudi (18.06.20), le président de l'Assemblée nationale malienne a mis en garde ceux qui seraient tentés de céder aux pressions de la rue. Pour Moussa Timbiné, "la logique" de ces manifestations est "d'ébranler toutes les institutions." Selon lui, beaucoup de manifestants "sont avec les djihadistes".

Pour le moment, aucune organisation internationale n'a réussi une médiation dans cette crise.

Après l'ONU puis l'Union africaine, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) tentait elle aussi une médiation cette semaine. "Mais cela n'a pas donné grand chose", a reconnu vendredi un membre de sa délégation interrogé par l'agence de presse AFP.