La Russie brûle toujours
5 août 2010Alors que la grogne monte au sein de la population pour dénoncer le retard des secours et l'incurie des pouvoirs publics, incapables de contrôler la situation, le sommet de l'Etat russe est en train de réaliser qu'il faut se hâter de donner l'image de l'action. A ce jeu-là, le Premier ministre Vladimir Poutine et le président Dmiti Medvedev se mènent une petite guerre, le premier ayant été un peu plus prompt à réagir que le second. En effet, Vladimir Poutine s'est rendu sur le front des incendies pour encourager les équipages des avions luttant contre les flammes. Ce qui a forcé Dmitri Medvedev à écourter ses vacances sur les bords de la Mer Noire.
Pour bien montrer qui était aux commandes, Dmitri Medvedev a commencé par licencier deux hauts gradés à la suite de la destruction par le feu d'une base de l'aviation de la marine dans la région de Moscou. « Ce qui s'est passé s'explique par le fait que les consignes de sécurité n'ont pas été respectées », a-t-il indiqué. « Le feu s'est répandu rapidement sur le camp militaire en raison de la négligence criminelle du commandant de la base qui, au moment de l'incendie, était introuvable. J'ai chargé le ministère de la Défense de mettre à pied un certain nombre d'officiers. Si ce genre d'événement devait se reproduire, alors j'agirais sans pitié de la même manière. »
Pénurie de blé
Par ailleurs, des matières explosives ont dû aussi être évacuées du centre nucléaire de Sarov, situé à l'est de Moscou. Les autorités dénombrent près de 600 incendies dans tout le pays et plus de 600 00 hectares ont été détruits. Ce qui fait redouter une pénurie de blé. Car la vague de chaleur qui frappe le pays a détruit dix millions de terres arables.
La Russie a donc revu à la baisse ses prévisions de récoltes pour cette année. Celles-ci s'établissent entre 70 et 75 millions de tonnes, soit vingt à vingt-cinq millions de tonnes en moins que l'année dernière. Le prix du blé atteint d'ailleurs son plus haut niveau depuis deux ans. Malgré tout, la Russie a assuré qu'elle maintiendrait ses exportations à leur niveau de l'année dernière, soit 21,4 millions de tonnes.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Elisabeth Cadot