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La Russie lance son offensive sur le Donbass

Sandrine Blanchard | Avec agences
19 avril 2022

Moscou demande à toute l'armée ukrainienne de désarmer. Les combattants du site d'Azovstal veulent un corridor pour évacuer les civils.

Fumée au-dessus du site industriel d'Azovstal à Marioupol
Fumée au-dessus du site industriel d'Azovstal à MarioupolImage : MARIUPOL CITY COUNCIL/REUTERS

Près de cinq millions d'Ukrainiens ont fui leur pays à cause de la guerre depuis le début de l'invasion russe, le 24 février, selon un décompte du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l'Onu (HCR).

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Ces chiffres pourraient continuer de monter dans les prochains jours : la Russievient de lancer une offensive militaire sur la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine.

Ce matin [19.04.22], elle appelait toute l'armée ukrainienne à "déposer les armes". Moscou demande notamment aux combattants qui défendent la ville de Marioupol d'arrêter leur "résistance insensée". 

Le bastion d'Azovstal à Marioupol

La ville portuaire de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, revêt une importance stratégique car elle permet de relier les régions séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine à la Crimée, annexée, elle, par la Russie en 2014.

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Le siège de Marioupol par l'armée russe a commencé le 2 mars et la ville est désormais presque entièrement sous contrôle de l'armée russe, hormis un site industriel construit durant l'ère soviétique, dans les années 1930 : l'usine sidérurgique d'Azovstal, l'une des plus grandes d'Europe, qui couvre plus de 11 km².

Combattant pro-russe armé d'un lance-roquette, près du site d'AzovstalImage : ALEXANDER ERMOCHENKO/REUTERS

Avec l'offensive sur le Donbass, la Russie annonce une "nouvelle phase" de la guerre en Ukraine.

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Menaces et promesses de la Russie

Le ministère russe de la Défense menace d'un " sort peu enviable” les soldats ukrainiens et les étrangers qui n'obtempèreraient pas à son appel à désarmer.

En revanche, il promet à ceux qui se rendront d'ici la fin de la journée qu'ils auront "la vie sauve” et assure qu'un cessez-le-feu local a été instauré, ainsi qu'un corridor, pour assurer les évacuations par "trois colonnes humanitaires" que l'armée russe aurait mises en place aux abords du site.

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La semaine dernière, plus d'un millier de soldats ukrainiens auraient déposé les armes à Marioupol mais, selon les séparatistes pro-russes, il y aurait encore près de 2.900 combattants dans l'aciérie d'Azovstal, bombardée par l'armée russe.

Contrairement aux séparatistes pro-russes de Donetsk, les combattants ukrainiens affirment qu'un millier de civils se trouvent encore sur place, dans des souterrains situés sous les hauts-fourneaux.

Des habitants dans les ruines de maisons à Marioupol, le 18 avril 2022Image : Alexander Ermochenko/REUTERS

Evacuer les civils et les morts 

Le commandant ukrainien du régiment d'Azov, le lieutenant-colonel Denys Prokopenko, ne croit pas aux promesses russes et il le dit dans un message posté sur Telegram, adressé "aux dirigeants du monde” dont voici un extrait : 

 "Des théâtres, des maternités, des écoles, des hôpitaux et des jardins d'enfants ont été détruits par ceux qui promettent maintenant une évacuation sécurisée. Personne ne croit les occupants ! C'est pourquoi je demande aux politiciens du monde civilisé d'organiser un "couloir vert", de donner des garanties de sécurité pour évacuer immédiatement les civils, les blessés et les corps des morts qui doivent être enterrés avec dignité."

Le gouverneur de la région de Lougansk enjoint ses concitoyens de fuir maintenant cet "enfer” pour ne pas devenir les "otages des Russes".

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Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie aurait augmenté de "onze bataillons" en une semaine sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine. Elle disposerait ainsi au total de 76 bataillons, soit entre 22.800 et 91.200 soldats, dans l'ensemble du pays.

Nouvelles sanctions européennes

De son côté, l'Union européenne va augmenter ses livraisons d'armes à l'Ukraine et travaille à de nouvelles sanctions contre la Russie. Peter Stano, un porte-parole de la Commission européenne a déclaré devant la presse :

"L'Union européenne continue de plaider pour essayer de trouver une solution par la négociation. Mais en effet, c'est à la Russie de décider quand elle arrêtera son agression illégitime et illégale contre le peuple ukrainien. D'ici là, l'UE continuera à soutenir l'Ukraine, à la fois financièrement, économiquement et militairement. Et en même temps, nous déciderons de nouvelles sanctions contre la Russie pour empêcher la machine de guerre de Vladimir Poutine de continuer à infliger la destruction et la mort en Ukraine."

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Le sixième train de sanctions européennes en préparation touchera cette fois le secteur pétrolier.

La Russie a annoncé cet après-midi l'expulsion de 37 diplomates européens en guise de représailles. Le chef de la diplomatie turque estime pour sa part que des décennies seront sans doute nécessaires pour "restaurer la confiance" entre les pays occidentaux et la Russie.