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La Syrie, entre liesse générale et un futur incertain

Marco Wolter | Avec agences
9 décembre 2024

Après la chute de Bachar al-Assad, les regards sont tournés vers les nouveaux maîtres de Damas. Les pays occidentaux espèrent une transition dans le respect de l'Etat de droit.

Des hommes armés sur une moto célèbrent la chute du régime. Un autre tient un drapeau de l'opposition syrienne dans ses mains
A la demande de la Russie, principal allié du pouvoir déchu, le Conseil de sécurité de l'Onu se réunit en urgence lundi à huis clos sur la SyrieImage : Omar Sanadiki/AP/dpa/picture alliance

"C'est indescriptible, on ne pensait pas que ce cauchemar allait se terminer, on renaît", explique une Syrienne sur la place de la grande mosquée des Omeyyades, à Damas. Elle exprime le sentiment de liesse générale qui s'est emparé de la capitale syrienne, depuis la chute, dans la nuit de samedi (07.12) à dimanche, du régime de Bachar al-Assad, renversé par une coalition de groupes rebelles.

En Europe, cette joie a notamment été partagée par des milliers de personnes rassemblées Berlin et d'autres grandes villes en Allemagne,où l'heure était d'abord à la célébration de la fin du règne sans partage du clan Assad depuis le début des années 70. 

Près d'un million de réfugiés syriens vivent en Allemagne, la plupart arrivés après le déclenchement de la guerre civile en 2011, qui a fait près d'un demi-million de victimes.

Un page se tourne en Syrie, c'est une certitude. Désormais, il faut espérer que le pays ne vivra pas des lendemains qui déchantent, alors que Hayat Tahrir Al-Cham, le groupe à la tête de la coalition qui a renversé le régime syrien, est classé "organisation terroriste" par l'Union européenne et les Etats-Unis.

Le chef des rebelles syriens a salué dimanche une victoire "historique" qui a "purifié" la Syrie depuis la célèbre mosquée des Omeyyades de DamasImage : Balkis Press/ABACA/Imago Images

Abou Mohammad al-Jolani redevient Ahmed al-Chareh

Certes, son leader a décidé de renoncer à son nom de guerre, Abou Mohammad al-Jolani, pour désormais utiliser son vrai nom, Ahmed al-Chareh. 

Mais il n'en reste pas moins un ancien membre d'Al Qaïda, pour qui il a combattu en Irak après l'invasion américaine, et où il passera cinq ans dans la tristement célèbre prison d'Abou Ghraib, symbole des exactions de l'armée américaine dans ce pays. 

Il intègre ensuite l'organisation de l'Etat islamique, avant de revenir en Syrie pour rejoindre la lutte contre Bachar al-Assad. D'abord, avec les moyens de l'Etat islamique, il crée le Front al-Nosra, un groupe ultra-violent, qui tente d'imposer la charia dans les zones qu'il contrôle et qui n'hésite pas à lapider des femmes accusées d'adultère.

La chute de Bachar al-Assad et un revers géopolitique et militaire majeur pour MoscouImage : Omar Haj Kadour/AFP

Depuis, Ahmed al-Chareh a cherché à prendre ses distances avec l'image de terroriste, rompant ses liens avec l'Etat islamique et Al-Qaïda. 

Il transforme le Front al-Nosra en Hayat Tahrir Al-Cham, se débarrasse des éléments les plus radicaux, se concentre uniquement sur la lutte révolutionnaire en Syrie et troque son turban de djihadiste contre une tenue militaire. 

Suspension des demandes d'asile pour les Syriens

La prise du pouvoir par les rebelles s'est faite sans bain de sang ni actes de vengeance. Pendant l'offensive éclair, le mouvement a tenté de rassurer les minorités religieuses en Syrie. Lors de la prise de Damas, il était interdit aux combattants de célébrer leur victoire en tirant des coups de feu en l'air.

Mais aujourd'hui, les chancelleries occidentales demandent à voir, à l'image du chef du gouvernement allemand, qui appelle au rétablissement de l'Etat de droit, au respect de la dignité et du droit à l'autodétermination du peuple syrien.

La question de l'accueil des exilés syriens accapare de nouveau le débat politique européen avec les annonces de suspendre les procédures de demandes d'asile de ressortissants syriensImage : Julius Christian Schreiner/dpa/picture alliance

 "Toutes les communautés religieuses, tous les groupes ethniques et toutes les minorités doivent bénéficier d'une protection", a lancé Olaf Scholz, qui promet que "l'Allemagne va y apporter sa contribution".

En attendant, malgré ce manque de garanties, c'est par cette "incertitude actuelle", que Berlin justifie sa décision, ce lundi, de suspendre les décisions sur les demandes d'asile en cours d'exilés syriens en Allemagne. L'Autriche, la Suède, la Norvège ou encore le Danemark ont annoncé des mesures similaires.